SUJET : Couleurs du Kruger

J'adore ton phaco et les buffles au bain !

III. C ontrairement à ce que j'espérais, je n'ai pas pu tenir le rythme d'une visite au Kruger par mois et je n'y suis retourné que trois mois après mon précédent séjour.

Un petit point météo : j'avais dit en décembre que les premières pluies avaient fini par tomber, mais elles n'ont pas été suffisamment fréquentes et les vraies grosses pluies ne sont arrivées que début mars, soit avec quatre mois de retard. La Sabie River a donc repris des couleurs (marron, mais je préfère sa couleur verte d'origine), comme on peut le voir sur cette photo :

156.Sabie River, au même endroit que la photo 1



Malheureusement, ce n'est pas le cas de tous les points d'eau, comme celui de la photo 3 qui reste toujours aussi désespérément vide :

157. Un point d'eau prétendument permanent, qu'un pauvre Hippo arpente sans le reconnaître...

La sécheresse que subit le Kruger est la pire depuis un quart de siècle. Des centaines d'herbivores seraient morts, plus à cause du manque de nourriture que du manque d'eau. A tel point que les gardes du parc ont décidé de déposer du fourrage à plusieurs endroits. Ceci fait le bonheur des carnivores qui peuvent chasser plus facilement les animaux affaiblis, et des charognards qui festoient sur les cadavres. La situation n'est pourtant pas aussi tragique que la grande sécheresse de 1991-92 où plus de la moitié des 30.000 Buffles et des 6.000 Hippopotames étaient morts. Selon les experts, l'homme est en partie responsable : la construction de points d'eau artificiel fait que les Hippos se multiplient pendant les années de pluies normales et connaissent une surmortalité quand ces points d'eau s'assèchent. La plupart des Hippos cherchent à rejoindre les points d'eau naturel qui retiennent plus facilement l'eau et soit meurent pendant le trajet, soit, s'ils arrivent à destination, provoquent la pollution de ces points d'eau à cause de l'excès d'excréments dans le peu d'eau qui reste.

Cette année aussi, ce sont les Buffles et les Hippos qui souffrent le plus :

158. Buffle d'Afrique (Syncerus caffer), amaigris



159. Hippopotame (Hippopotamus amphibius), très affaibli, qui se traîne difficilement.



160-161. Ceux-ci n'ont pas tenu aussi longtemps. Le premier se fait dévorer par trois crocodiles, dont un énorme à droite qui doit être repu et laisse deux plus petits mordre mollement dans la carcasse. C'est dur, mais c'est la vie (et la mort) dans la savane. Si les modérateurs pensent qu'elles n'ont pas leur place ici, je peux les supprimer.

Cette fois-ci, je n'y suis allé que pour un court week-end, et je suis resté dans la partie sud. A l'ouest, la végétation était déjà redevenue luxuriante et bien verte alors qu'à l'est elle était toujours assez sèche, même s'il avait bien plu comme en témoignaient de très larges flaques dans la savane. Mais cette différence est peut-être aussi due aux sols, plus sablonneux et plus profonds à l'ouest (sourveld).

En tout cas, à l'ouest, on ne remarque plus aucune trace de la sécheresse, et les animaux semblent avoir récupéré :

162-163. Impala (Aepyceros melampus)





164. Girafe (Giraffa camelopardalis)

Même les très gros mammifères trouvent suffisamment de nourriture dans la nature redevenue florissante :

165-167. Rhinocéros blanc (Ceratotherium simum)

168-170. Eléphant d'Afrique (Loxodonta africana)

Je profite de leur proximité pour prendre de très gros plans :

171-172. Eléphant d'Afrique

Et c'est dans cette zone de savane arborée et de fourrés que nous voyons des Guépards, la première fois aussi bien au Kruger. Ils étaient trois, mais je n'ai jamais pu qu'en prendre que deux en même temps. On les aperçoit au tout début sur la route, mais heureusement, ils se mettent sur le côté ce qui permet de prendre des photos dans un cadre plus naturel.

173-175. Guépard (Acynonix jubatus)

Sur cette nouvelle page, je retiens une photo que je trouve tout simplement géniale, la 168 : l'éléphant au premier plan et le 2nd en toile de fond, sur son éminence, et tout ce vert.

Pour les hippos, moi qui les ai connus enfant en grands groupes dans le courant du fleuve Niger, je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il existe des lieux où ils se contentent de patauger dans des bauges, comme des sangliers, ça me semble totalement irrationnel, c'est comme s'ils avaient été piégés au fil du temps par une aridification brutale et qu'ils persistaient à résister...

On a connu dans le nord Mali la dernière population d'éléphants sahéliens qui se regroupaient autour de deux mares (notamment Benzema) et qui n'étaient plus que des trous de boue aux périodes les plus sèches, et dans ces bauges subsistaient les derniers descendants d'une population relictuelle de crocos du Nil ! (aujourd'hui, je suppose que ces populations ont disparu avec l'activité des rebelles islamistes).

Tes photos d'hippos mort ou à l'agonie ont toute leur place ici, parce qu'elles informent, parce qu'elles alertent.

Merci Marine.
La majorité des Hippos au Kruger sont dans les rivières. Une minorité seulement sont dans les lacs (de barrage surtout) et il y en a peu (voire aucun) dans les plus petits points d'eau. En temps normal, c'est tout à fait supportable, même en saison sèche. L'année dernière, la population d'Hippos était estimée à 8.000 bêtes et 300 seraient déjà morts à cause de la sécheresse.

Revenons à nos Guépards : nous les suivons sur quelques centaines de mètres le long de la route, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent à un croisement avec un chemin en terre dont l'entrée est interdite. Ils ont l'air de patrouiller leur territoire, sentent les arbres et laissent leurs marques.

176. Interdit, on ne va pas plus loin.



177. On va marquer cet arbre qui ne sent plus assez notre odeur.



178. On va voir ce qui se passe la dessus, on renifle aussi.



179. On prend la pause, et en plus on a une belle vue sur la plaine.

180. Au tour du frère d'inspecter la borne.



181. Mon frère a déposé sa crotte ici alors j'en rajoute une couche.



182. Profite de me tirer le portrait pendant que je regarde par là.

Les Guépards prennent ensuite le chemin de terre interdit à la circulation et s'éloignent de nous. Je laisse alors le 70-200 pour le 200-400. Ils s'allongent dans l'herbe fraîche et un fait même des roulades.

183-185. Détente dans l'herbe.

Mais la détente n'est jamais de longue durée. Ils restent quand même vigilants, regardant à droite et à gauche avant de boire dans les flaques créées par la pluie sur le bord du chemin.

186-187. Boisson

Encore de très belles images et une superbe rencontre avec les trois guépards

Merci du reportage

Merci Romain !
Encore quelques portraits des Guépards avec le 200-400 :

188-190. Guépard (Acynonix jubatus)