Un entretien d'Olivier Paris, membre de Wilipi, avec Kyriakos Kaziras, photographe animalier de renom. À l'évidence, Olivier tient Kyriakos à l'œil.
Kyriakos, ta carrière a littéralement explosé ces dernières années. Parle-nous de cette ascension.
En réalité je prends des photos depuis de très nombreuses années. Mon grand-père paternel était photographe, et mon grand-père maternel était peintre, je suis donc baigné dans le domaine de l’image depuis toujours.
Toutefois, je n’avais jusque récemment pas réellement songé à en faire mon activité professionnelle. C’est une rencontre il y a quelques années avec Pierre Ménès qui m’a persuadé que je devais promouvoir et vendre mes photos.
J’ai été très agréablement surpris de l’accueil qui m’a été réservé. Je travaille depuis deux ans avec la Galerie Blinplusblin qui a cru en mon travail, et avec laquelle j’ai développé un réel partenariat artistique.
Parle-nous de ton premier livre "Animal emotion"
Depuis longtemps j’avais en tête de publier un livre. Je voulais à tout prix éviter un écueil habituel, quelques très belles photos, et pour le reste du remplissage avec des photos d’illustrations plus banales.
Je souhaitais un livre où la qualité des photos serait homogène.
Animal Emotion est la compilation de mon travail sur plus de 6 ans. J’espère avoir réussi à partager l’émotion ressentie lors des prises des vues au travers de mes photos.
L'an dernier, lors du festival de Montier-en-Der, le public a pu admirer les grands tirages noir et blanc de ton dernier livre "African dream". Pourquoi le noir et blanc ?
J’ai vu mes premières photos d’Afrique, prises par mon Grand-père, vers l’âge de 7 ans. J’ai découvert l’Afrique en noir et blanc à travers les clichés de mon grand-père.
Le noir et blanc correspond à cette première vision de l’Afrique. Une nature intemporelle, hors du temps. Cette Afrique mystérieuse, poétique, sensuelle est une source inépuisable de contemplation et d’inspiration.
Maintenant, quels sont tes projets ?
J’ai deux nouveaux livres en préparation. L’un en couleur, sur les prédateurs mammifères terrestres, avec un ami photographe anglais, Paul Goldstein. Nos deux regards sont complémentaires.
Le second sera un livre d’art en noir et blanc, dans la même veine que African Dream, sur les mondes polaires. Il s’appellera White Dream.
C’est une vision onirique des deux pôles, et de ses deux animaux emblématiques les ours polaires et les manchots.
Je prépare également de nouvelles expositions. L’une au salon de la photo à Paris en novembre 2014 et l’autre à la Galerie Blinplusblin à compter de fin novembre 2014.
Tu voyages beaucoup au Kenya mais aussi dans les régions polaires. Pourquoi cette attirance pour des milieux si opposés ?
Le climat et l’environnement de l’Afrique et des mondes polaires sont très différents. Mais j’en apprécie tout particulièrement les lumières, qui dans ces deux régions sont magnifiques.
Quel est ton meilleur souvenir photo ?
Il est très difficile de choisir « un » souvenir parmi la multitude. Le dernier moment exceptionnel, a été de voir une lionne avec son petit dans la gueule traverser une rivière en crue en sautant pour atteindre la troupe située sur l’autre berge. Un moment d’intense émotion.
Un dernier conseil photo à donner aux membres de Wilipi ?
Prendre du plaisir à faire et regarder ses photos.
Ne pas se comparer aux autres, mais regarder sa propre évolution, l’évolution de son travail, pour trouver son propre style et retranscrire son émotion. Et ne pas oublier que l’appareil photo et l’objectif ne sont que des moyens qui permettent de retranscrire ce que le photographe voit.
Un photographe exceptionnel est celui qui d’une scène ordinaire fait une photo extraordinaire.
Un grand merci à Kyriakos et Olivier pour cet entretien.
Quelques images de Kyriakos Kaziras