SUJET : Voyage en pays lointain: Auriol, Bouches-du-Rhône ....

Merveilleuses tes mésanges

Merci

Dès qu'on est dehors il faut toujours avoir l'oeil ouvert. Un jour en rentrant du village je remarque un mouvement inhabituel d'une mésange à longue queue: perchée sur un fil téléphonique elle semble agitée. Voilà plusieurs années que je soupçonne une nidification dans le quartier et les mouvements saccadés de l'oiseau me font penser qu'il doit y avoir un nid pas loin. Je m'éloigne de 20 m et les mouvements s'arrêtent, la mésange s'envole. Ce qui confirme mes soupçons. Je rentre poser ma baguette à la maison, et prends les jumelles pour retourner voir ce qu'il en est vraiment. Posté à une trentaine de mètres du perchoir vu précédemment j'attends; Pas longtemps: hop la voici de nouveau, un insecte dans le bec. Quelques mouvements de la tête à droite, à gauche zioup elle plonge dans un lierre touffu qui tapisse un mur. Et ressort trois secondes plus tard le bec vide. Gagné !
Le nid est totalement invisible, il y a des passants plusieurs fois par jour, personne n'a rien remarqué. J'emploie alors ma stratégie habituelle (bien à l'encontre de ce qu'on dit dans les livres de photo animalière): rester très visible, immobile hors du périmètre de sécurité de l'animal et en quelques jours se rapprocher progressivement.. A moins d'être un gros bourrin s'il y a des signes d'inquiétude c'est flagrant et il n'y a plus qu'à attendre une autre opportunité. Affût totalement inutile (sans parler des fois où il est contre-productif). Quelques jours plus tard je suis à une distance raisonnable, et pour les photos, et pour la quiétude de la petite famille. Observations formidables, au fil des jours on perçoit des détails dans le comportement, l'approche, les proies... Un pur bonheur.
Pour les photos ce n'est pas forcément simple: le soleil n'est présent et bien positionné que pendant une période très courte et surtout le fond de lierre très dense rend les photos difficiles à lire. Celles en vol, faites sans flash, sont pour moi très difficiles à réussir, et d'ailleurs elles ne sont pas top. Mais ça reste quand même une belle aventure.

Si on prolonge notre balade de 200m on arrive dans le secteur des grands cèdres du cimetière. ici se produit depuis quelques années un petit miracle: la mésange noire est là , hiver (ce qui n'a rien d'extraordinaire) comme été ! Pourquoi cet enthousiasme ? Tout simplement parce que c'est, à ma connaissance, le seul endroit des Bouches-du-Rhône où vous pourrez entendre une mésange noire chanter aux beaux jours.
Cet oiseau est le petit passereau le moins farouche que je connaisse (seul l'accenteur alpin en hiver peut tenir la comparaison). Autant vous dire que là des photos j'en ai !

Une fois réalisé les photos habituelles, il est moins simple d'en faire qui soient un peu différente. Je me suis essayé à en prendre une pendant que le ciel se charge de nuages d'orage.


Celle-là -faite dans le jardin, ce qui n'est pas fréquent pour cette espèce- il y a deux semaines lorsque la neige est arrivée ne sera certainement pas appréciée de tous. Mais j'aime bien essayer de rendre l'ambiance du mauvais temps.

Nous voici revenus dans le jardin, passons-y encore un petit moment. Après avoir fait un tour d'horizon complet côté mésanges (les autres mésanges "françaises" - boréale et nonette- n'étant pas présentes dans la région) il est temps de s'intéresser aux fauvettes. Dans les jardins ici c'est la fauvette à tête noire qui est, de loin, la plus commune. On la voit toute l'année mais cela ne signifie pas qu'elle n'est pas migratrice, il peut y avoir un "roulement". Je pense que tout le monde la connaît, même si elle est souvent cachée dans les arbustes et buissons. Tout d'abord madame:

et puis monsieur:



Jusque là je pense n'avoir rien montré d'original où que vous habitiez en France. Alors ça pourrait vous intéresser que nous allions voir maintenant quelques espèces plus méridionales.

La fauvette mélanocéphale est sédentaire chez nous. Elle est fréquente mais difficile à voir et évidemment pas facile à photographier. versatile on ne peut pas trop compter sur ses routines pour la saisir; mais quand on arrive à la prendre furtivement sur un support dégagé .... c'est un très bel oiseau ! Ici les photos ont été prises dans le jardin, la première étant très récente.

Pierre, c'est un grand plaisir de voir revoir nos mésanges et fauvettes nationales à travers tes belles images. La mélanocéphale est vraiment un très joli petit oiseau .
Egalement un coup de cœur pour l'ambiance de l'image sous la neige avec la mésange noire

On va vite devenir accro...
La fauvette mélanocéphale est vraiment belle

Alors continuons notre prospection.
Pour rencontrer d'autres fauvettes il faut quitter le coeur du village et marcher un peu. Le mieux est de partir vers le sud. Dès qu'on sort de la forêt tout change. Des falaises se dressant au milieu de la garrigue apportent un cachet merveilleux au paysage. Là ouvrez l'oeil. Observez la végétation: si elle est très basse, composée essentiellement de chênes kermès et de petits buissons aux branches denses vous entendrez sans doute le tchaa de la fauvette pitchou. Furtive et très mobile elle se montre quand même assez souvent au bout d'une petite branche sèche, mais attention ami photographe il ne faut pas prendre le temps de boire un pastis avant de déclencher !

Si la végétation est un petit peu plus haute, ce sera la domaine de la fauvette passerinette. Celle-là n'est pas facile à voir. Elle chante comme une mélanocéphale (elle-même pouvant alors être confondue avec une pitchou) et alarme comme une fauvette à tête noire !


Et enfin si la végétation est encore plus haute voici la fauvette orphée. Alors-là les copains c'est pas de la tarte. déjà si vous l'entendez ce sera bien (on pourrait parfois confondre avec le chant d'un merle), car les endroits où elle se planque ne sont pas bien nombreux. Arès pour la voir .... patience, patience, patience. J'en connais qui cherchent depuis des années à en photographier. Mais on peut avoir de la chance une fois qu'on connaît bien le terrain. Alors certes ce n'est pas la photo de l'année mais quand même (à noter tout de même que dans les alpes ou la drôme elle est plus facile à voir)

Après les mésanges, les fauvettes

Quelles magnifiques observations !!! Et tes images sont

Un grand MERCI

Quelle avalanche de fauvettes !
Je te trouve difficile pour la photo de la Fauvette orphée, si on compare avec ce qu'on trouve ici et là sur le net.
mais c'est quand même la passerinette ma préférée dans cette chaude lumière qui lui va bien au teint

Ça me fait plaisir si vous passez un bon moment en regardant ce post.
Mais Catherine, on n'est jamais trop exigeant avec soi-même: si un jour je veux espérer arriver à la qualité de tes clichés et de ceux d'autres membres assidus de wilipi je me dois de ne pas me contenter d'à peu près. Mais bien sûr je n'y arrive pas toujours, loin de là

Quel beau florilège de fauvettes ! Elles sont toutes magnifiques dans ces lumières, mais ma préférence va à la mélanocéphale, même si les autres ne sont pas en reste

C'est un plaisir de te lire et découvrir des fauvettes que je ne connaissait pas .

Mais quel étourdi ! J'allais tranquillement redescendre avec vous vers le village et le jardin où j'ai encore de jolies choses à vous montrer en oubliant un oiseau assez fascinant...
En Provence nous croisons la pie-grièche écorcheur, la pie-grièche à tête rousse, la pie-grièche grise et la pie-grièche méridionale.
Si j'ai vu (et photographié) la première à quelques mètres de la limite communale (caramba raté pour le fil sur Auriol !!) je n'ai jamais rencontré la seconde sur la commune ou à proximité immédiate. Ou alors j'ai oublié.
La troisième est vraiment rare chez nous, je n'en ai vu que dans l'extrême nord du département. Par contre la pie-grièche méridionale est bien présente. Autrefois considérée comme sous-espèce de la grise c'est maintenant une espèce à part entière. Malheureusement sa situation n'est pas florissante... Pour la voir il faut ouvrir l'oeil dans les zones où on croise la pitchou et la passerinette. Comme toute pie-grièche qui se respecte elle se montre souvent perchée sur un buisson. mais étant très farouche, ce "souvent" n'est pas si souvent que ça. Avec une distance de fuite qui peut avoisiner les 100 m, pour les photos c'est plutôt coton. Ce sera peut-être un de mes prochains défis. Celle que je vous montre est celle d'un juvénile, c'est sans doute pour ça que j'ai pu la faire, ces p'tits jeunes, quelle inconscience !

J'en reste bouche-bée après cette série d'images sur les fauvettes et la pie-grièche.
Et quelle lumière sur la pitchou et la passerinette !
Encore !!