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5- Bernard : est-ce que vous privilégiez la photo animalière ou pratiquez-vous d’autres types de photo, portrait, paysages, macro, photo de rue, etc. ?
Véronique : paysages, portraits, monuments, sport à l'occasion. Mais l'essentiel de notre passion reste la photo animalière.
Patrice: aujourd'hui 90% de ma pratique photographique va vers la photo animalière mais j'ai également fait de la photo panoramique, une toute autre technique, que j'utilise en photo de paysage ou de monuments.
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6- Bernard : comment voyez-vous la photo animalière, pourquoi la privilégier ?
Véronique : au départ la photo animalière était simplement un plaisir personnel. Mais très rapidement nous nous sommes aperçus de l'urgence de témoigner de la fragilité et de la beauté des mondes sauvages, et de la dégradation des biotopes, de la disparition des espèces. La prise de conscience doit être générale si nous voulons tenter de sauver ce qu'il reste. Plus nos photos ou nos expos sont diffusées, plus nous pouvons alerter, témoigner, tenter d'inverser les mentalités. Nous avons un nouveau projet d'exposition qui reprendra ce thème sur l'exemple du continent africain, en documentant sur les associations et les hommes qui se battent sur le terrain.
Patrice : dans ce monde de brutes, il est urgent de pouvoir capter pour soi et pour les autres toute cette merveilleuse vie sauvage, malheureusement en train de disparaître. Je ne me lasse pas de photographier lions, éléphants et autres bestioles ainsi que les piafous évidemment.
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7- Bernard : dans vos voyages photo-nature, quels sont les domaines de chacun, comment se fait la répartition des rôles, en un mot (en fait un peu plus que ça), comment fonctionne votre binôme photo ?
Véronique : Patrice s'est octroyé le 500 mm et le portrait serré. J'aime bien privilégier les ambiances, les plans plus larges, les scènes d'action. La répartition de nos rôles peut aussi être liée à ce que chacun a anticipé dans sa tête photographiquement. Sur un spot, nous communiquons beaucoup (le plus discrètement possible) pour être sûrs que nous allons être complémentaires dans nos prises de vues. Il arrive qu'il y ait des ratés :D
Patrice: sujet délicat qui n'est pas toujours simple, mais dans l'ensemble nous avons réussi à trouver un réglage qui fonctionne pas trop mal (même si quelques sorties de route sont toujours possibles :-D) : je manipule le couple 7 D Mk II + 500 mm, un peu plus lourd, et pendant ce temps Véronique travaille avec un vieux 70 D qui lui convient bien + 300 mm. Un 3ème boîtier est à disposition de nous deux, un 6 D II couplé avec le 70-200 2,8. Nous avons aussi le grand-angle. Véronique se charge de la vidéo en plus de la photo (GoPro + un vieux Panasonic et/ou les boîtiers). La gestion des cartes mémoires et de la sauvegarde sur disque dur et PC me revient exclusivement. Toute entorse à cette organisation entraîne de graves dysfonctionnements :-D
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8- Bernard : quelles sont à votre avis vos affinités pour tel ou tel type de photos, vos qualités photographiques, et, s’il y en a, ce dont je doute, les points que vous voudriez améliorer, ou simplement changer ?
Véronique : je ne considère pas du tout être au sommet de ce que je peux faire, ou du moins de ce que j'aimerai montrer. Au contraire. Finalement, je pense que notre principale qualité est de toujours se remettre en question, de toujours douter, de toujours chercher à s'améliorer. Et en plus nous avons la chance d'être deux à être critiques sur notre production, ce qui créée une émulation permanente.
Patrice : mes préférences vont vers le portrait serré et la prise de vue en anticipant la conversion de l'image vers le N&B. Défaut : je pense trop souvent N&B. J'aimerai m'améliorer sur la notion d'animal dans le paysage.
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9- Bernard: pour vos sujets de prédilection pratiquez-vous un repérage à l’avance des spots, ou vous en remettez-vous à la chance (qui se mérite, ne l’oublions pas) et à Dame Nature ?
Véronique : avec l'expérience, nous passons beaucoup de temps à prendre « l'ambiance de la brousse ». Ce n'est pas vraiment du repérage à l'avance, c'est plutôt quelque chose qui ressemble à humer l'air ambiant si je puis m'exprimer ainsi. Nous pouvons passer des heures au même endroit si nous savons qu'il s'agit d'un territoire possible pour un animal que nous aimerions photographier. Il n'y a jamais de garantie évidemment. Parfois aussi, il y a de l'électricité dans l'air, cela se voit au comportement des animaux. Dans ce cas nous sommes particulièrement attentifs, aux aguets. Mais de toute manière c'est toujours Dame Nature qui a le dernier mot. C'est une des grandes difficultés de la photographie animalière, les scènes sont difficilement prévisibles car les animaux restent imprévisibles. C'est pour cela aussi que la discipline est si passionnante ! Et finalement, la nature nous offre tellement plus que tout ce que nous pouvons imaginer !
Patrice : nous étudions quand même à l'avance le biotope dans lequel nous voulons évoluer, dans la mesure du possible. Inutile d'aller en plein Sahara pour espérer photographier le Bec-en-sabot !
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10- Bernard : et comment choisissez-vous vos sujets, hyènes, geladas et autres ? Des affinités particulières pour l’espèce ? L’occasion ? Ou autre ?
Véronique : pour les hyènes par exemple, ce fut une histoire de répulsion/attraction depuis ma découverte de l'Afrique sauvage il y a une quinzaine d'années de cela. Il y eut plusieurs rencontres fascinantes puis une scène marquante, terrible. J'ai eu rapidement la volonté de ne pas rester sur une impression négative, de ne pas céder aux à priori, et j'ai entrepris beaucoup de recherches derrière. Ensuite, j'ai préparé les images mentalement, ainsi que l'histoire que je voulais raconter. Et enfin il y a eu le facteur chance car il faut évidemment avoir l'opportunité d'assister aux scènes imaginées. Finalement, celles-ci ont largement dépassé mes espérances. Cela dit, il m'a fallu deux années différentes de prises de vue pour réunir les 13 images de l'exposition !
Patrice : souvent avant de partir en voyage, en France ou ailleurs, un sujet me taraude l'esprit. J'ai généralement étudié à travers la littérature scientifique l'espèce concernée et j'essaye ensuite de privilégier ce sujet à la prise de vue. Mais la vie sauvage en décide parfois autrement. J'ai donc toujours d'autres sujets possibles en tête.
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