Les secours arrivent, en l'espèce un gros pick-up Toyota 4x4. Les esprits se détendent, les sourires reviennent, les plaisanteries fusent, chacun feint de ne pas avoir craint pour sa vie, ou pire, pour celle de l'être aimé (violon, violon, allegro amoroso, que ne puis-je vous mettre un passage de Rieu).
Bruno s'entretient avec le chauffeur pour faire un détour nécessaire sur le chemin du retour. Dans la langue de Cervantes qu'il parle comme un hidalgo de pure souche, donc nous ne savons le pourquoi du détour. Manque de pot, le chauffeur qui a acquiescé du chef comme un chef aux propos du chef oublie le détour. Mais si le chef est le chef, c'est qu'il du chef, euh, de la tête. Et il fait preuve de son autorité naturelle et obtient que le penaud chauffeur exécute les instructions, non mais !
Et ça en vaut la peine, d'ouvrir la barrière, de retarder le repas, parce qui est-ce qui nous attend sur un arbre perché ? Sans fromage, sans ramage, mais quel plumage , quelle allure ! Une merveille de délicatesse dans le camaïeu des plumes, une montagne d'étrangeté dans l'aspect, le bec, la tête ! Calme, placide, indifférent sur son perchoir à 7 ou 8 m au-dessus de nos têtes, il trône, il domine, il impressionne, une merveille je vous dis. J'ai, nous avons traversé un océan pour le voir et pour une petite faim de chauffeur récalcitrant nous en aurions été privés ? Merci, Bruno, à qui on ne la fait pas, sur ce coup comme sur d'autres ! Mais je frémis à la pensée de touristes innocents lâchés dans la nature sans un mentor de ce calibre (et je peux le dire car c'est entre nous, hein, ça doit pas courir les pampas, les llanos, les Andes, des de ce calibre, c'est du Magnum, et du gros).
Et oui, l'ibijau, je l'aime, quel oiseau merveilleux (ch'suis un chouia à court de qualificatif, le vocabulaire et moi, hein !)
Mimétique au possible
59- Grand ibijau (Great Potoo) Nyctibius grandis