SUJET : Ultima Thulé ou la balade du 66e Nord.

Bonjour à tous.

Voilà un carnet de voyage un peu particulier que je vais vous présenter. Enfin, je... Je serais surtout assisté par un autre membre bien connu de notre cher forum, à savoir Olivier P. (Pour ne pas le nommer ) . Ce carnet est particulier car il traite d'un endroit que j'affectionne (après la Corse hein ) et à la 'mode' ces derniers temps, l'Islande. Enfin, ce carnet relate mes (més)aventures lors d'un voyage de 3 semaines dans cette sublime contrée que j'ai effectué en 2012.

Initialement, j'ai orienté ce voyage sur la prise de vue de paysages. Aussi, ce fil comportera quelque paysage sans bébêtes. Rassurez vous, il y aura du piafou. Olivier vous montrera par sa contribution que la seule espèce digne d'intérêt pour un photographe animalier (même amateur), ce n'est pas l'ours polaire n'est ce pas, mais bien le renard polaire. Non on a dit renard, pas loup. Evidemment, mon espèce fétiche, que dis-je mon totem, ca fait 10 ans que je l'attends. Ca faisait au moment de ce voyage, 6 ans que je l'espérais secrètement. Bien entendu, pas vu. Et donc pas pris. Evidemment, Olivier, un ami n'est-ce pas, a juger bon d'aller voir si il y en avait alors que je ne pouvais pas venir... Mais comme c'est un ami, ben on pardonne pas. Blague à part, je les verrais enfin (je croise les doigts) en Mars prochain avec Olivier. Et c'est ce même ami qui me fait l'honneur de fournir les photos que je n'ai pas de cette si belle espèce. Alors un grand merci à toi Olivier d'avoir su attendre que je lance enfin ce fil! J'ai vraiment hâte d'y aller et savoir que tu seras là me permettra en plus de partager ce bonheur tant attendu avec un ami, et ca, je trouve ca beau.

Ultima Thulé est dans la mythologie, une île situé au delà des îles britanniques, à l'époque frontières du monde connu occidental. De par sa position mythique extrême, Thulé est parfois employée pour désigner le point le plus au Nord, une espèce d'absolu indépassable, proche de l'idée de bout du monde. Tout ce que peut représenter l'Islande, alors que pour moi, c'est l'un des rares endroits sur Terre où l'on sent notre chère planète vivre et respirer. Une sorte de commencement finalement... Dans ce fil, je vais essayer (Olivier, tu rajoutes ce que tu veux ) de maintenir un niveau photographique qualitatif et donc, ne montrerais aucune observation ne répondant pas à ce critère. D'autant que je reste un piètre observateur...

Je suis donc arrivé comme tout le monde à Keflavik à l'aéroport international. Après avoir pris le 4x4, direction le Nord et les Fjords de l'Ouest (non pas le Far Ouest, les Fjords de l'Ouest ) Objectif avoué : les falaises de Latrabjargs. 14 km de falaises dont le point le plus haut est à 400mètres et dont la hauteur moyenne dépasse les 100mètres... Il me faudra un peu plus de 8h30 de route pour atteindre cet endroit. Ces efforts me permettront d'y passer 2 jours (1nuit sous tente sans commodité ni eau potable). J'espère que le temps sera de la partie. Cet endroit est un des fiefs du renard polaire. J'espère secrètement. Sur la route, les contreforts des fjords apparaissent enfin.


Le temps semble être de la partie, mais cela ne tiendra pas. La route est longue et dure, fraichement tassé par le tractopelle. Ca tombe bien, j'avais besoin d'un vibromassage. Mais pas pendant 8heures. J'arrive assez fatigué aux falaises vers 22heures. Le temps à évidemment tourné. Ben tiens. Mon espoir de coucher de soleil infini tombe directement de la falaise et arrive tout en bas! Pas grave. Les falaises tiennent tout de même leur réputation...


Quand on y pense, 14 km de colonies d'oiseaux (Mouette tridactyles, Fulmar boréal, Pingouin torda, Macareux moine pour ne citer qu'eux... ) Le vacarme est assourdissant. Mais quel bonheur d'être là ... Enfin, je peux approcher de près un Macareux moine. En fait, plusieurs. Des centaines. sans exagérer.
Je prends quelques photos, le temps aura sûrement empiré demain, les prévisions ne sont pas très bonne.





Omniprésentes, les mouettes trouvent aussi grâce à mes yeux, surtout quand elles sont calmes



3 heures passées dans le vent au bord de la falaise auront finalement raison de moi. Direction la tente pour une nuit qui ne s'annonce pas simple ...

Voilà une introduction à ce carnet drôlement alléchante, j'ai hâte de découvrir cette écriture à quatre mains !!!

Voici un carnet de voyage qui s'annonce prometteur ! La météo parait difficile ....Hâte de voir la suite

Superbe ambiance sur les macareux !! Hate de voir la suite !

Alors vivement la suite , je sens que ça va super chouette .

Moi aussi, pour l'ambiance "macareux".

Merci à vous... Continuons donc le récit....


La nuit fut remarquablement courte. Le vent fort en provenance du large ayant pas mal secoué la tente, j'ai craint que les attaches ne finissent par lâcher. Fort heureusement, cette tente 'grand vent' semble adapté à la situation. Au réveil, la situation est assez claire : nous n'aurons dans le meilleur des cas qu'une fenêtre de 2h avant une pluie continue annoncée sur les téléphones. Et il faut encore défaire le campement. Nous commençons par cette tâche, sans entrain, puis allons directement aux falaises avant de prendre un solide petit déjeuner islandais à base de saucisses (viande dont l'espèce est encore indéchiffrable), buletfiskur (boulettes de poissons) et un skyr, le yaourt des héros islandais pur et dur, naturellement enrichie en protéines au cas où l'on en aurait pas eu assez.
Au bord de la falaise, ce qui me frappe le plus, c'est tous ces oiseaux, qui malgré le vent, le froid et l'humidité importante restent là pour élever leur progéniture. C'est une formidable leçon de vie. Je me prend à penser que certains doivent forcément se demander ce qu'il font là


-- "Ah oui c'est haut quand même".
Effectivement, cette merveilleuse remarque me rappelle de ne pas trop approcher du bord et de continuer à me concentrer sur mes prises de vues (sans prises de risques). Les Pingouins tordas sont omniprésents ce matin, au contraire des Macareux moine et des Fulmars boréals parti tôt en mer pour pêcher.



La prise au vent est trop forte à certains endroits. Aussi je m'avance sur le chemin des falaises à la recherche d'un coin plus abrité. Je dois néanmoins gardé à l'esprit qu'il faudra redescendre et que le vent va sûrement forcir d'ici 1heure ou 2. Je m'arrête en plein dans une colonie de Pingouins tordas (pas difficile, il n'y a que ça ce matin) relativement abrités du vent. Comme la météo ne nous l'indique pas, c'est le début de l'été, et les couples continuent de se former chez cette espèce. Tous revoient leur toilettes ou s'affaire frénétiquement à des tâches que je ne comprends pas.


Bien que tous ces individus ne soient pas très farouche, ils ne sont pas non plus très accessible. Les premières anfractuosité sur lesquelles ces Pingouins se sont installés sont 2 bons mètres en dessous du bord me semble t-il...

C'est à ce moment là qu'un couple en pleine parade sort de la motte de terre devant moi! Le 500mm m'embarrasse franchement et je perds un temps considérable pour récupérer le 70-200 qui était inutilisable jusqu'ici au vu des conditions. Ne souhaitant pas déranger plus que nécessaire, je m'approche le plus rapidement possible sans me faire remarquer. Pour une fois le vent m'aide bien. Le mâle est superbe et semble content. Sûrement a t-il réussi à avoir la femelle la plus en vue ? . J'immortalise ce moment en essayant de ne pas contrarier le CSA. Bon ok, j'ai pas fait exprès...



Les fulmars resteront une vraie déception. Trop bas, trop peu, sans lumière... J'essaie de me convaincre que ce n'est de toute façon par leurs place et qu'ils préfèrent sûrement voler au dessus des vagues... Néanmoins, ce cousin de l'albatros reste fascinant. J'admire sa robe et son vol puissant. Par endroit, les quelques individus présents se reposent. Et j'ose imaginer qu'ils couvent l'unique oeuf de la portée. Ici, un fulmar lance un cri. Mais à qui peut-il être destiné ?



Je prends ce cri comme un signal m'indiquant qu'il est l'heure de plier bagages. De toute manières, les conditions restent exécrables et l'absence (quasi totale) de lumière rends les prises de vue plus qu'incertaines... Le temps de ranger les appareils et la pluie commence à tomber. Très vite, je dois faire face au vent pour descendre et le chemin humide me semblait bien plus facile à monter. Avec une pointe de déception, je quitte ces superbes falaises, et jure que je les reverrais sous un autre jour.

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Le temps de sortir des Fjords de l'Ouest, je laisse la main à Olivier afin qu'il nous présente le 'fantôme' de ces lieux : le melrakki.

C'est une rudement bonne idée que ce carnet en duo
Seb, je connaissais déjà certaines de tes images, mais le plaisir de les retrouver ici reste intact
En maintenant, la suite, vite
Amitiés.
Paul

Magnifique le Torda, mon oiseau marin favori je crois !!! de très belles ambiances et photos en attendant le fantôme

et ton Fulmar songeur est top, la gamme des gris est largement représentée

Décidément, le Torda est vraiment un oiseau magnifique

Donc, je reprend la main pour une parenthèse renard polaire. Le renard polaire est présent dans tout l'arctique mais il est assez difficile à observer dans de bonnes conditions. Et c'est pareil en Islande car, comme le renard roux chez nous, il est chassé pratiquement partout. Le meilleur coin est donc la réserve naturelle du Hornstrandir. Les renards n'y sont pas chassés et sont beaucoup plus confiants envers les hommes.



Le problème est qu'il n'y a pas d'hébergements dans le Hornstrandir, c'est sous la tente. Donc en hiver, c'est compliqué : froid, tempête, risque que le bateau ne puisse pas venir vous chercher pendant plusieurs jours, …
Mais heureusement, une ancienne ferme (construite bien avant que ce soit une réserve) vient d'être réhabilitée et à pu accueillir cette année, pour la première fois, des touristes. C'est à partir de là que notre groupe va essayer de photographier le renard. Le voyage est organisé par Phil Garcia ( www.explographe.com/ ) qui connaît très bien l'Islande et les renards polaires. Son magnifique livre "Melrakki, le renard polaire Islandais" vient d'ailleurs juste de sortir.

Après quelques péripéties dues à la météo, on arrive à Isafjordur. En plus des photographes, on est accompagné d'Ester Unnsteinsdottir, LA spécialiste islandaise des renards polaires qui profite de cette opportunité d'un hébergement "en dur" pour venir observer les renards en hiver. Elle sera notre encyclopédie vivante du renard polaire pendant tout le séjour.
On passe aussi par l'Arctic Fox Center de Sudavik. Un petit centre d'information sur le renard polaire à visiter si vous passez dans le coin ( fr.wikipedia.org/wiki/Centre_du_renard_polaire ). L'an dernier, ils ont recueilli 2 jeunes renards polaires orphelins qu'ils espèrent pourvoir relâcher un jour. Cela nous permet d'observer de près ce petit mammifère.

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Ils sont très curieux, aboient beaucoup, grimpent très facilement au grillage et leurs griffes sont étonnamment longues par rapport à leur taille.
La visite du centre d'information nous apprend plein de choses intéressantes sur le renard.

Le renard polaire (Melrakki en Islandais, Vulpes lagopus en latin) se trouve dans toutes les régions arctiques mais avec le réchauffement, il est de plus en plus souvent en concurrence avec le renard roux et comme il est beaucoup plus petit, il n'a pas le dessus. En Islande, c'est le seul mammifère terrestre non introduit (en dehors sans doute de quelques micro-mammifère). C'est aussi le plus grand prédateur terrestre (à mon avis, le seul vrai danger pour lui est le pygargue à queue blanche). Il existe 3 formes de renards polaires :
- la forme "beige" est ultra rare, on l'oublie
- la forme "blanche" est la plus commune : le pelage est blanc immaculé en hiver et devient brun en été.
- la forme "bleue" est rare : le renard est gris brun tout au long de l'année

Pour être clair, ça c'est un renard blanc :

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et ça un renard bleu :

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La forme bleue est rare partout dans le monde sauf en Islande ou elle est dominante par rapport à la blanche. Cela est sans doute dû aux spécificités du pays :
- les renards n'ont pas de réel prédateur (à part l'homme comme toujours )
- il y a peu de proies en hiver en dehors des lagopèdes. Il y a donc une forte population côtière qui se nourrit sur les plages à marée basse avec les "laissées de mer"
Conclusion : le besoin de camouflage blanc est faible pour une bonne partie de la population. La forme bleue peut donc se développer à son aise.
Par ailleurs les renards sont très territoriaux. Chaque territoire est occupé par un couple.

Bonjour les conditions météo. Vous êtes des héros !

Très chouette et complète présentation Olivier !!!

Par contre :

la forme "beige" est ultra rare, on l'oublie

C'est faux on oublie pas vous allez nous la ramener en mars prochain, c'est l'asso qui vous le demande, non mais alors

en Mars prochain avec Olivier

Seb j'ai pensé à toi (ou vous) dans la boutique wilipi