SUJET : Guyane : Entre savane et forêt

En revenant sur la rive, on découvre notre première Dendropsophus leucophyllatus, une étourdie sans doute, qui n'a pas vu la nécessité et l'urgence de rester cachée au milieu de l'eau avec les autres. On profite de l'aubaine. Audric en déniche une autre à quelques mètres.
Encore une espèce charismatique qu'il me tardait de rencontrer.
(Quand j'ai appris que je partais pour la Guyane, 10 ans auparavant, je m'étais rendue à la librairie du muséum d'histoire naturelle dans l'espoir de dénicher des guides naturalistes, et j'y avais trouvé l'Atlas des amphibiens de Guyane française, dont la première de couverture est ornée de cette fameuse grenouille. Je n'avais pas acheté l'ouvrage à l'époque, mais il fait désormais partie de ma bibliothèque).

On est trois à leur tirer le portrait et mes compagnons râlent parce que je n'arrête pas de changer de position, remuant les plantes où elles se trouvent. Alors, je regarde alentour dans l'espoir d'en découvrir une autre, rien que pour moi. Je découvre un mâle chanteur, au sac vocal gonflé. Je me précipite dans sa direction, me retrouve dans un trou, de l'eau jusqu'à la poitrine, j'ai bien sûr eu le réflexe de lever les bras et ma torche et mon 7D sont indemnes, j'avais quand même un peu anticipé que ce genre de mésaventure pourrait se produire. Je ressors du bouillon, une grosse sangsue versicolore collée à une botte. Heureusement, j'ai un tee-shirt à manches longues de secours, et je peux me changer.

On décide de s'offrir une bière et une pause casse-croûte bien méritées, il est largement plus de 22h30, mais hors de question pour moi de rater la moindre occasion : je dois négocier tellement âprement chacune de ces sorties avec mon compagnon que je ne peux pas m'empêcher de poursuivre mes recherches. On va alors trouver quelques geckos à pattes de canard, une Phoneutria en pleine couvaison, une Avicularia metallica (matoutou bleue), puis une scinax : Scinax boesemanni, la scinax de Boesemann, donc.


Des gardes de la réserve viendront à nous pour s'assurer que nous ne sommes pas des braconniers. Ils nous rappellent les règles : on ne quitte pas la route ! Je rencontre alors un "pays" en la personne d'un jeune nazairien. Echanges sympa. Nous reprenons la route et eux retrouvent leur pirogue pour leur comptage "caïmans".

Au retour, nous croiserons tout d'abord un Imantodes cenchoa qui traverse la route, le corps entièrement déplié. En trois sorties, 3 rencontres ! Alors je m'essaie à des trucs nouveaux en matière de photo, la lumière qui traverse le spaghetti.

hé hé sur les grenouilles de verre ca rendrait aussi pas mal

Il commence à se faire tard, il ne pleut pas, les rencontres se raréfient : un 2nd Bothrops atrox, un autre Pseudoboa coronata, et cette souris arboricole que mon 100mm ne me permet pas de prendre convenablement. Hervé avec son FZ 1000 en obtiendra de bien meilleurs clichés !


Hervé et moi ne sommes pas d'accord sur l'identification : Oecomys rutilus ? Oecomys auyantepui ? Mais les excellentes photos d'Hervé nous donneront finalement O. rutilus comme il le suggérait.

Ce sera notre dernière rencontre. Nous rentrons ravis, conduits par Audric qui aura assumé cette tâche sans faillir : rouler à deux à l'heure, piler devant chaque bestiole, puis avaler les dizaines de kms qui nous séparent de chez nous, à 4h du matin, sur les routes secondaires, mal éclairées de Guyane.

J'ai oublié de mentionner qu'au début de la balade, pédestre cette fois, Hervé nous déniche le plus beau et le plus grand Chironius fuscus que nous ayons vu tous les 3. Il enfle pour nous impressionner, s'échappe. Audric le retrouve, nous appelle. Nous nous approchons, il est en surplomb au-dessus de la crique, Hervé le contourne, se prépare à le photographier, Audric est à droite, je m'avance sur la couleuvre mais évidemment je l'effraie, elle saute dans la crique, traverse. Raté ! Personne n'a pu le photographier ! Petit flottement, je ne suis pas très fière.

L'intérêt de ces balades nocturnes réside aussi dans le fait que nous tombons toujours sur des serpents qui sont en chasse active, ce qui veut dire qu'ils viennent de muer, ils ne peuvent pas être plus beaux ! On a donc toujours affaire à des serpents aux livrées rutilantes, c'est génial !

Marine, je suis les mots me manquent !
Ces photos accompagnées d'un texte ciselé aux petits oignons, c'est tout ce que j'aime !

Génial, tant en images qu'en texte je me régale

Merci de nous faire découvrir toutes ces merveilles !!! Et la cécilie est

Je partage l'enthousiasme général et particulier (ma blonde, qui m'a fait l'article et l'article !). Bravo, Marine !

Merci pour tous ces beaux partages.

Quelle sortie d'ontologie, cette dernière, que de spécimens étonnants, merci aussi pour le récit si vivant, on s'y croirait

Merci à vous tous pour vos gentils messages !
J'attends cet été pour en profiter pleinement !

Superbes jeux de lumière et mises en scène Marine, bravo !!!

Magnifique la petite grenouille jaune Pas comme la Pipa, qui n'est étonnamment pas peureuse, elle compte sur son camouflage ?
Et bravo pour tes essais de lumière sur le serpent
Attention quand même à toi et à ton équipement, ne prends pas trop de risques

Encore des ajouts magiques! Je connais bien l'ambiance de ce genre de sortie et entre tes images excellentes et le recit, tu la retranscris avec brio! Coup de coeur pour Dendropsophus leucophyllatus !