SUJET : Costa Rica, mi amor !

[...]

X 455. Dix minutes plus tard nous croisons une seconde salamandre à sourcils, Bolitoglossa colonnea (Eyebrowed Salamander):



X 456. Elle est d'un gabarit plus imposant que la première: 8 à 10 cm de long, et arbore une livrée plus foncée. Mais le repli de peau sur le front indique qu'il s'agit bien de la même espèce:



Les deux excroissances sur le museau sont parcourues par un sillon bordé de chémorécepteurs. Ces sillons naso labiaux, ici particulièrement développés, sont caractéristique des Plethodontidae, la famille des salamandres sans poumons dont fait partie B. colonnea.

X 457. Une dernière vue de Miss sourcils:



[...]

[...]

Les rencontres continuent, à un rythme soutenu...

X 458. Un grillon de belle taille (ND):



X 459. Un autre individu de la grenouille Lithobates warszewitschii (Brilliant Forest Frog, famille des Ranidae):



[...]

[...]

X 460. Une plante grimpante bizarre, aux feuilles plaquées contre le tronc de la plante-hôte (ND):


X 461. Une sauterelle aux pattes avant sont hérissées d'épines. Il semble que ce soit un prédateur féroce (ND):



[...]

[...]

X 462. Un dendrobate dont j'ai du mal à réaliser une photo potable, tant il reste bien planqué. C'est Oophaga pumilio, le Dendrobate fraise (Strawberry Poison Frog), également surnommé "Blue-Jeans":



On en reparlera bientôt, de ce dendrobate. Avec des photos de meilleure qualité.

X 463. Un opilion de belle taille, à l'étrange coloration vert éclatant. Vraisemblablement Prionostemma sp. "verde":



Le pigment vert n'est pas produit par l'opilion lui-même, mais par les cyanobactéries épizoïques qui prospèrent sur les plaques dorsales de sa carapace. L'opilion, lui, semble ainsi bénéficier d'un meilleur camouflage. La relation entre l'opilion et les cyanobactéries serait donc de type mutualiste.

[...]

La salamandre est vraiment fabuleuse !

Pour la plante, il s'agit d'un Philodendron (Aracées). C'est la forme "juvénile". Les feuilles de la jeune plante sont plaquées au tronc mais, quand elle aura forci, elle fera les bractées propres aux Philodendrons. Il semblerait que la forme juvénile se protège ainsi d'un arrachage ou autre. Une fois que la liane est montée à plusieurs mètres de haut, et bien arrimée avec de bonnes racines, elle se "déploie".

Merci Marine, je me doutais bien que je pourrais compter sur tes connaissances en botanique...

Tagada in blue jeans

Extra, génial... Vos photos sont extras que de rencontres chez Brian ! Et quelle mise en valeur de cette faune

[...]

Nous arrivons à un cabanon dans lequel Brian remise du matériel d'entretien.

X 464. Près de l'entrée, un araignée chasseuse de la famille des Ctenidae (Wandering Spider). Peut-être Cupiennius sp. :


X 465. À l'intérieur, une mygale Psalmopoeus reduncus (Orange Mouth Tree Spider) se tient à proximité du plafond:



P. reduncus est une espèce arboricole qui peut atteindre une taille de 15 centimètres (pattes comprises, hein! ). Son nom anglais est dû aux poils oranges qui lui entourent la bouche.

[...]

[...]

Après avoir photographié la mygale à tour de rôle, nous reprenons la balade.

X 466. La minuscule Hourglass Treefrog (Dendropsophus ebraccatus) (LC):



D. ebraccatus est très particulière par sa double stratégie de reproduction . Si l'environnement est ombragé, elle dépose ses oeufs sur des feuilles surplombant une mare. Mais si l'ombre est insuffisante elle préfère les pondre directement dans l'eau, fixés à de la végétation submergée. On ne connaît pas d'autre amphibien qui ponde indifféremment dans ou hors de l'eau.

X 467. Encore des feuilles mortes, et un grand mille-pattes de l'ordre des Polydesmida (ND):



Je n'ai pas pu aller plus loin dans la détermination, les Polydesmida constituent l'ordre le plus important au sein des mille-pattes, avec environ 3500 espèces. Chez la plupart de ces espèces, chaque segment du corps porte deux excroissances latérales plates, les paranota, ici bordées de jaune.

Les couleurs aposématiques indiquent probablement que notre bestiole est capable de produire du cyanure d'hydrogène (HCN), ce qui est commun chez les Polydesmida. Ça les rend particulièrement peu digestes mais pour le reste ces bestioles sont totalement inoffensives. Elle se nourrissent exclusivement de matières en décomposition.

[...]

[...]

Lorsqu'il passe près d'un des barils remplis d'eau de pluie qu'il a installés au pied de certains arbres, Brian retire les feuilles mortes à la surface de l'eau, puis vérifie la présence de têtards.

Un des buts de Brian lors de la fondation du CRARC en 2002 était de favoriser l'expansion de la petite population d'Agalychnis lemur (Lemur Treefrog) qui y était présente. La technique: transvaser des têtards dans de nouveaux barils, disposés en d'autres sites favorables. Cette stratégie a été couronnée de succès, et on trouve même à présent des populations d'A. lemur dans des portions de forêt entourant la réserve. Mais malgré cette réussite au niveau local, l'espèce reste en danger critique d'extinction.

Nous voilà dans une zone de forêt secondaire mature, et Brian est à l'écoute des appels de notre rainette. Il en repère bientôt une, sur une branchette à environ un mètre cinquante du sol.

X 468. Et voilà donc la fameuse Lemur Treefrog (Agalychnis lemur) (CR):



Par rapport aux rainettes similaires (Phyllomedusinae) du Costa Rica, elle se distingue par l'absence totale de palmure entre les doigts.

X 469. Ça doit être ses énormes yeux gris qui lui ont valu le qualificatif de "lémur":



Elle n'est pas bien grande, moins de 4 centimètres de longueur. La taille varie entre 30 et 45 mm selon les individus, les femelles étant plus grandes que les mâles. Nous ne prenons que très peu d'images, pour limiter le dérangement dû au flash. Espérons que les efforts de Brian pour sauver cette espèce porteront leurs fruits!

[...]

La 469 . Ce fond, cette exposition, cette maitrise technique et ce sujet! Oui oui et re-oui!

Une nouvelle page d'un carnet riche en surprises !
Un rappel, attention au terme "tarentula" anglais que l'on doit traduire en français par "mygale" et non tarentule !
Et pour "faucheux", je préfère "opilion".

Ces deux grenouilles sont très belles , et, comme Nico, je m'extasie sur la X469 . Mon savoir n'étant que livresque, elle n'est pas sans me rappeler Hyla ornatissima (ou Hypsiboas ornatissimus) la bien nommée (que je ne connais donc qu'à travers les pages du guide du MNHN, mais quand même... ).

Merci à vous deux!
Marine, j'ai modifié le texte en fonction de tes remarques.

C'est vrai que A. lemur ressemble un peu à "ton" Hypsiboas ornatissimus... et on aura l'occasion de croiser une autre Hypsiboas dans ce carnet.

Les araignées sont à frémir et les batraciens sont à ravir .