SUJET : Guyane : Entre savane et forêt

Catherine, y'a encore de quoi épingler mes raccourcis syntaxiques ! Pas taper !

Une très jolie rencontre aussi, une Phyllomedusa vaillanti ou Phylloméduse carénée (si quelqu'un (Bernard ou Catherine au hasard) peut m'aider à saisir le sens du terme "Phylloméduse" ) tout bonnement décidée à traverser en-dehors des clous.



Méduse, Méduse la Gorgone, celle dont le regard pétrifie ? C'est vrai qu'elle a des yeux insensés cette grenouille !

Nous rencontrerons aussi une rainette centrolène, Hypsiboas affine de cinerascens.

Nous laissons la voiture pour un layon.

On assiste alors à une scène assez insolite : un scorpion (Tityus sp.) et une fourmi balle-de-fusil (Paraponera sp.) se battent pour le même grillon. Le grillon est mort (je ne sais pas par qui il a été tué), et les deux belligérants se le disputent.
Le scorpion essaiera à plusieurs reprises de piquer la fourmi, mais la fourmi trop vive et petite ne sera pas touchée. En revanche, elle mord les pinces du scorpion. La scène se déroule de nuit, dans les faisceaux de nos lampes, et cela reste confus. Je ne sais pas si la fourmi piquera le scorpion de son dard (elles sont capables d'orienter leur dard en tout sens ! Le dard se trouve au bout de l'abdomen, comme pour les guêpes leurs cousines), mais le fait est que le scorpion lui cèdera le grillon. Il se met à tourner sur lui-même comme groggy et désorienté, complètement sonné par le venin de la fourmi.
Il ne faut jamais sous-estimer les plus petits que soi !

La nuit, les chasseurs sont donc de sortie, telle cette Ephebopus murinus - encore une juvénile


ou cette Eriophora sp.


Nous espérions un des deux boas mythiques (C. caninus ou E. cenchria), mais nous finirons par trouver tout aussi bien, circulant dans les plantes à hauteur de ma taille, le surprenant Imantodes cenchoa

Je savoure ma chance, c'est pour moi un des serpents les plus singuliers au monde.

Mes compatriotes rentrant le lendemain, on est tous très heureux du finish, d'autant que nous trouverons aussi un chasseur fouet : Dendrophidion dendrophis, lové sur ses feuilles et dormant du sommeil du juste, ça se comprend quand il est aux alentours de 2h du matin.

Mes compagnons sont repartis, mais je suis complètement galvanisée par nos dernières rencontres, et je n'ai qu'une idée, y retourner le plus tôt possible, tant que je suis en vacances.

J'emmène ma fille faire un tour et nouveau coup de bol, un serpent liane vert : Oxybelis fulgidus traverse la piste devant nos roues. Le serpent n'est pas pressé, bien que sur ses gardes. L'environnement dans lequel il évolue est très encombré : le portail électrique, les fils de fer barbelés, les herbes sèches... Bref, une partie de cache-cache commence entre le serpent, ma fille qui s'accroche à mon épaule et moi.


C'est un colubridé opistoglyphe capable de mordre pour se défendre. Je ne m'amuse donc pas à prendre des risques et me positionne au mieux pour éviter les barbelés et autres éléments disgracieux.

Finalement, il aura la bonne idée de se glisser dans une agave géante. Je l'y accompagne du mieux que je peux

Puis arrive le mardi tant attendu. Je propose à un collègue de m'accompagner. Nous voilà partis pour 12h de circuit dans la région la plus arrosée de Guyane.
Comme toujours, nous croisons un grage (Bothrops atrox) mais celui-ci est particulièrement massif. Il nous faussera compagnie d'une brusque détente de son corps. C'est un serpent très craint parce qu'abondant et parce que le venin provoque de graves complications entraînant généralement des amputations, des nécroses, des problèmes neurologiques...
Nettement plus sympathique comme rencontre, nous recroisons la route de la spectaculaire Phylloméduse à carène.


et nous ne tardons pas à surprendre un Pseudoboa coronata (Pseudoboa écarlate) qui chasse en longeant la route.

Le premier nous inonde les mains du contenu méphitique de ses glandes cloacales (après tout, c'est de bonne guerre, il croit jouer sa peau !) avant de se rendre grâce à la technique de Kevin qui le calme en quelques instants.
Quelques photos pour vous faire apprécier la couleur de leurs robes.


Les serpents sont relax, tout simplement.

Nous n'osions l'espérer, mais il est possible que tout vienne à point à qui sait attendre (pour moi 11 ans ! ) ou sait prendre les devants (il faut croire que cette option est la plus fructueuse ! ), je manque donc d'écraser cette merveilleuse créature, un boa arc-en-ciel juvénile d'une 40aine de cm qui s'est avancé bien imprudemment sur la route.

On n'en revient pas de pouvoir contempler ce joyau, ni Audric ni moi ne l'avions encore croisé.

Avant de le trouver, nous énumérions nos rencontres animales les plus riches en émotion. Celle-ci s'ajoute à notre liste, en excellente place !

Nous avons naturellement pris le soin de lui trouver un coin tranquille pour son relâcher.

J'espère ne pas vous faire trop avaler de couleuvres , il en reste une petite dernière

Dernier arrêt pour dénicher si possible le serpent spaghetti. Bingo ! C'est Audric qui le repère, dormant posé et lové sur les tiges des feuilles d'un arbuste. Il est plus gros et plus clair que celui trouvé jeudi dernier.



Heu, pour la dénomination "spaghetti", c'est une liberté que je m'autorise quand j'en parle avec ma fille de 5 ans car il n'est pas référencé avec ce nom-là.

Le retour à la maison à 4h30 se fait sous des trombes d'eau, et nous croiserons au bord de la route une mère cabiaï et son petit comme sidérés par les phares de la voiture.

Vivement la prochaine ! mais ce ne sera sûrement pas pour tout de suite, hélas...