SUJET : Guyane : Entre savane et forêt

Pas seulement mouillée mais exposée aux chélicères des mygales et aux dards des scorpions. Mais cela vaut le coup, dis-je assis sur ma chaise bien à l'abri, car la moisson est belle, très belle, c'est simple je ne sais plus quelle admirer le plus.

PS : pour les champignons, sale coup, je ne sais pas s'il existe des solutions ad hoc sans effets secondaires pour l'objectif. J'ai fait une recherche rapide sur CI . Tu pourrais peut-être demander à des photographes pro de Guyane (des indépendants ou des qui travaillent à Kourou ?

Super sympa, particulièrement les petites grenouilles qui sont vraiment ! Et belles photos !

Theraphosa leblondi : c'est une araignée ? mais laquelle ?

Ton verger Guyanais est quand même magnifique, grenouilles , serpents,Theraphosa leblondi

pour les dernières photos. Tes sorties sont de vraies barouds

Je comprend l'appréhension vis à vis de "tes" araignées de gros calibre genre Theraphosa leblondi. Moi déjà, une simple Argiope-frelon, j'aime les photographier au 100mm macro, mais je n'aimerai pas du tout un contact physique genre je traverse une toile pas vue, et hop la bête sur la cuisse

Merci à tous
Bernard, concernant l'objo, Michel m'avait parlé d'un "bain" dans le formol. Je ne sais pas si je dois tenter, sinon, je ne vois pas trop de solution. C'est la plaie de faire envoyer un colis pareil en métropole et de le récupérer.

Je vous remets une photo du jeune grage.

Magnifique serpent

Merci à vous,
je reprends brièvement le journal pour vous raconter ma dernière sortie de nuit, en solo, toujours dans le même coin, celui où tous les espoirs sont permis.
Quand je quitte Kourou, il a plu toute la matinée et le ciel est encore très chargé, de bon augure me dis-je. Quand j'arrive enfin sur la route forestière, le jour décline et je traverse des nappes de brume. Excellent ! Hygrométrie au top ! Les averses, même brèves "réveillent" systématiquement grenouilles et serpents.
Je déchante assez vite, trouvant coup sur coup plusieurs serpents juvéniles écrasés...
Assez vite je rencontre un Imantodes cenchoa juvénile qui termine de traverser la route. Enfin !



Les photos sont moyennes : difficile de soigner le cadrage quand on doit tenir l'appareil, la torche, la bestiole pas forcément d'accord et que la voiture tourne sur le bord de la route.
Après cette rencontre prometteuse, je ne trouverai quasiment plus rien jusqu'au degrad : un Pseudoboa coronata, et quelques arthropodes : matoutou et scorpion.Il a plu dans la journée mais le goudron a séché depuis.

Les kilomètres défilent au ralenti, la route me semble looooongue ce soir sur fond de France Inter.
Donc, quelques arthropodes :
d'abord une matoutou qui traverse. Elle est très noire, sans reflets bleutés, et le bout des pattes est pâle. Je ne l'ai jamais rencontrée. Il y a plusieurs espèces d'Avicularia en Guyane, et je n'ai pas su l'identifier.

Ensuite un scorpion qui erre au milieu de la route, un Bothriochactas. Je ne m'attarde pas, ce ne sont pas les bestioles que j'espérais.

Chemin faisant j'ai aperçu un drap blanc éclairé : le piège lumineux d'entomos. Je n'ai jamais eu l'occasion de profiter de ce genre de spectacle.
Quand j'arrive au degrad c'est la déception. Il y a du monde sur une barge flottante non loin de là, la brega à fond, et les occupants poussent des cris monstrueux et indéfinissables. Ils doivent être amarrés aux moucous-moucous et je ne les vois pas, mais ils sont tout près. J'ai l'impression que depuis que je me suis garée, les cris se sont amplifiés et je n'en mène pas large. Je vais rester quelques temps sur le degrad, à scruter les feuillages et la surface de l'eau. J'entends des grenouilles, inaccessibles, et retrouve une vieille copine : la liane coiffée (je suis convaincue qu'il s'agit toujours du même individu) ainsi qu'une autre plus jeune, un peu terne et je pense en préparation de mue. je dérange aussi sans le vouloir un téju juvénile dans son sommeil, qui se faufilera sous un buisson.
Pas de chance cette fois-ci encore, j'envisage un temps faire le layon tout proche et renonce. Je croise quand même une Ephebopus cyanognathus juvénile, qui rentre dans son fourreau de soie après le premier coup de flash.


Je décide de rebrousser chemin, pestant intérieurement contre ces gens et leurs cris furieux.

Sur le retour, je n'ai pas plus de chance, je loupe de peu un Oxyrhopus melanogenys qui traverse étalé de tout son long sur la route. Je sauve un Anilius scytale, je l'ai vu à la dernière minute, ces serpents sont assez longs, je n'ai pas pu freiner plus tôt et je retrouve le serpent sous la voiture, heureusement indemne. Je l'attrape et nous sommes alors doublés par deux voitures. Celui-là l'aura échappé belle.
Pas de pluie, pas de grenouilles, hormis les habituels : quelques crapauds perlés, quelques hylodes porte-x, quelques leptodactyles à lèvres blanches, je passe sans m'arrêter, puis je revois le drap blanc éclairé, bien en évidence, allez, je tente le coup. Je me gare et m'approche. Les entomo sont deux : Franck et Jérémie, ils sont avenants, m'accueillent tout naturellement. Ils recherchent les longicornes et les membracidae. On passe un moment autour du drap qui a attiré des papillons nocturnes tous plus curieux, colorés et fascinants les uns que les autres. C'est une vraie révélation pour moi. Je retrouve le sourire et le moral.
Je me suis surtout intéressée aux plus "volumineux", qui sont souvent cryptiques, mais il y avait des centaines d'espèces posées sur les deux faces du drap.

D'autres plus colorés :

Les Eacles sont somptueux, et leurs chenilles aussi ! toutes de jaune et orange vêtues, avec des appendices urticants qui rappellent les polypes des coraux.

Mais ce n'est pas tout, Franck et Jérémie me font rencontrer mes toutes premières Dendropsophus minutus ! (rainettes menues) : quelques mâles chanteurs, quelques amplexus, quelques têtards posés sur des feuilles et qui gardent encore un moignon de queue...

Une autre série. (Tous des mâles, les femelles sont d'un brun à peu près uniforme, et un peu plus grosses que les mâles.)

mais les surprises ne s'arrêtent pas là : Jérémie nous déniche une Phyllomedusa tomopterna haut perchée, qu'il fera descendre délicatement en lui tendant une brindille sur laquelle elle n'hésite pas à se jucher. Je suis impressionnée par l'aisance et le calme ce jeune, fraîchement débarqué de métropole pour son stage en entomo, qui circule en tongs ou pieds nus sur le layon ! quand je ne quitte jamais mes bottes. Qu'il fasse gaffe quand même !

Quelques photos et elle regagne son arbre.