Index de l'article

Yvon 200x2001-Bernard :  je te remercie d’avoir surmonté ta modestie bien connue et d’avoir accepté de me consacrer pour cet interview des moments que l’on te sait précieux, notamment quand l’on sait bien comme nous le temps fou que tu passes à t’amuser à faire fonctionner et améliorer certain site que nous connaissons bien aussi. Rassure-toi, il n’y a qu’une trentaine de questions…

Yvon : tu me connais bien et tu sais à quel point j'adore me trouver des occupations multiples pour ensuite râler que je manque de temps. C'est donc avec grand plaisir que je réponds à ta montagne de questions.

2-Bernard : pour commencer et pour les rares lecteurs qui ne te connaitraient pas, peux-tu t’auto-présenter (en un texte bref, merci, pas plus de trois à vingt-sept pages)

Yvon : je crois que l'on peut dire que je suis un passionné qui ne sait pas faire les choses superficiellement. Si je me lance dans une activité quelle qu'elle soit, j'ai besoin de m'y consacrer pleinement, de comprendre et de faire les choses le plus parfaitement possible. Heureusement, je suis besogneux, plutôt persévérant et j'adore apprendre. Ceci m'aide beaucoup dans le traitement de ma pathologie.

Pour en venir au contexte photographique qui est l'objet de cet entretien, je dois dire que  j'ai toujours été attiré par l'image. Gamin, je dessinais beaucoup. J'aimais crayonner et j'avais quelques facilités pour ça. À l'époque, j'aurais adoré développer cette faculté et je rêvais de trouver un métier dans le dessin. Finalement, grâce à la clairvoyance de ma mère qui pensait que le dessin n'était pas un « bon métier », j'ai gagné ma vie en me passionnant pour l'informatique jusqu'à ma retraite. Cette vie professionnelle prenante reste peu compatible avec le dessin qui nécessite un minimum de temps et d'assiduité. C'est ainsi que la photographie est venue étancher ma soif d'images. C'est tout de même plus facile et plus rapide d'appuyer sur le déclencheur que de croquer un paysage ou un portrait avec un crayon.

Bien sûr, comme je ne sais pas faire autrement, je me suis lancé à fond, j'ai lu, potassé, testé, etc. On ne se refait pas.

3-Bernard : tu es venu très jeune à la photo et tu l’as pratiquée intensément, sous tous ses aspects, jusqu’au développement et tirage couleur. Tu peux nous en dire plus (là aussi, essaie de ne pas dépasser les trente pages) ?

toys 0008 2Yvon : tout jeune, j'ai été confronté au tirage photo dans un camp de vacances dans le cadre d'un atelier de développement. La magie de l'image qui apparaît sur le papier vierge que l'on plonge dans le révélateur m'a fasciné. Rien que pour ça, j'avais envie de tirer mes propres images. Ensuite, mes lectures sur la photo évoquaient souvent le complément du labo comme une nécessité sans parler des photographes de renom qui parfois tiraient eux-mêmes ou vantaient les mérites de « leur tireur ».

Élevé à ce biberon-là, je ne pouvais pas imaginer limiter la photo à la seule prise de vue. Il était impératif que je fasse les tirages moi-même en monopolisant dans un premier temps la salle de bain des week-ends entiers. D'ailleurs, je bravais le danger avec un agrandisseur branché sur le 220 volts, posé sur une planche au-dessus de la baignoire pleine d'eau pour rincer les tirages. Très vite, j'ai aménagé un vrai petit labo bien plus confortable pour tout le monde et surtout sans risque électrique. J'usais mes yeux aux lampes inactiniques, mais je me régalais à sortir le meilleur de ce que contenait les négatifs, à peaufiner les tirages en révélant les nuages d'un ciel trop lumineux, en débouchant une ombre trop dense et en jouant sur les contrastes. Les premières années, je me limitais au noir et blanc et évitais la couleur très exigeante avec le respect strict des températures. En réalité, je mourrais d'envie de tâter la polychromie et me suis finalement offert une magnifique développeuse à tambour rotatif régulant les bains au 1/10e de degrés. Une raison de plus de passer des heures au labo en jouant désormais avec le filtrage des couleurs en plus du reste.

Vous l'avez compris, pour moi, déclencher et traiter ensuite l'image sont liés. Cela dit, je me limite dans mes opérations et m'attache à rester fidèle au sujet et à l'instant. Autant j'aime renforcer une image pour qu'elle exprime toute sa richesse, autant je rechigne à la transformer et changer son expression initiale. Je comprends que d'autres adorent ça, mais ce n'est pas mon truc. D'ailleurs, je maîtrise très mal ces techniques.

Pour finir sur ce thème, soyons clairs, tirer soi-même ses images ne se justifiait absolument pas économiquement, surtout face aux tarifs des labos pour amateurs de l'époque. En revanche, la qualité des résultats était incomparable, sans parler du plaisir d'avoir fait, de bout en bout, aux petits oignons, l'image que l'on imagine.

4-Bernard : comment as-tu vécu la révolution photo de ces quinze dernières années, l’émergence puis la suprématie absolue de la photo numérique ?

Yvon : au tout début, à l'époque des Sony Mavica donnant des images pixelisées pour un prix stratosphérique, comme tout le monde, je suivais ça de loin. Les scanners à plat coûtaient un bras et les imprimantes ne valaient pas tripette face à un bon tirage.

numerique 0002J'ai commencé à changer de regard avec l'arrivée du Canon Powershot G1, ses 3 millions de pixels et des imprimantes A4 à jet d'encre qualité photo accessibles. Dans le même temps, les scanners à plat (et à diapos) devenaient achetables et ils étaient livrés avec un logiciel de retouche. À ce moment, tout le monde  a compris que le virage était amorcé. Le mariage de l'informatique et de la photo, pour moi qui tâtais des deux, j'avais tout pour être heureux.

À l'arrivée du premier reflex abordable en monture Canon EF, l'EOS D30 (3M pixels) j'ai craqué et cassé ma tirelire. Quel régal d'utiliser les objectifs de mes reflex argentiques sur un boîtier numérique. En rentrant, quel plaisir d'afficher sans attendre les photos sur l’ordinateur, de les traiter en trois clics de souris et de les imprimer immédiatement. Les avantages du reflex argentique, du Polaroid et du labo en pleine lumière devant l'écran.

Comme beaucoup, j'ai cassé et cassé encore ma tirelire tous les 2 ans (parfois moins) pour suivre la course effrénée des pixels des capteurs et des performances des boîtiers. Petit à petit, j'ai délaissé mon labo, ses produits, son obscurité, ses contraintes pour le confort de l'ordinateur. Comme nous tous, j'ai béni la fin de l'achat des films pour m'offrir des disques durs, des écrans haute performance, des imprimantes A3 photo, des encres, des mises à jour de logiciels, etc. Finalement, avec le recul, j'ai trouvé cette période exaltante. J'ai adoré l'argentique, l'odeur des produits chimiques dans le labo et les week-ends de développement, mais je n'en suis pas nostalgique et je ne regrette pas cette période.

Je m'éclate avec le numérique. Il faut vivre avec son temps !


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5-Bernard : Quels qualités et défauts estimes-tu avoir, pour la photo ? Lesquelles te semblent le plus utiles, notamment pour la photo animalière ?

Yvon : difficile à dire, je pense que les qualités diffèrent selon le type de photographie que l'on pratique. Par exemple, pour la photo de rue avec des gens, maintenant, j'arrive plus facilement à créer une complicité avec les sujets, à me faire accepter ou à me faire oublier selon le cas (enfin, ça ne marche pas à tous les coups quand même).

Pour la photo animalière, je pense que la patience et la persévérance sont de véritables atouts en plus d'un minimum de connaissance des espèces que l'on souhaite photographier. Si l »on a ses quelques qualités, il est possible que la chance soit de notre côté de temps en temps, mais pas sûr. Tout ça pour dire qu'en photo animalière, il faut aussi et surtout être philosophe, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Pour cette dernière qualité, malgré mon âge qui avance, j'ai encore beaucoup de progrès à faire. 

6-Bernard : tu pratiques de nombreux types de photo, photo animalière, macrophoto, photo de rue, portraits. Peux-tu nous donner ton ressenti, tes préférences et tutti frutti entre ces différents types de photo (je sais, un peu plus et on pourrait trouver que j’abuse un peu du copier-coller) ?

Yvon : je n'ai pas vraiment de préférence, disons que j'ai des périodes avec des envies. D'ailleurs, ces envies s'adaptent souvent au contexte dans lequel je me trouve. Quand je suis à la campagne, je fais plus naturellement de la macrophotographie et quand je suis en ville j'ai envie de photo de rue. Finalement, je suis un caméléon photographique qui adapte sa soif créatrice à son environnement.

Cela étant dit, je ne suis pas sûr que ma dispersion soit une bonne chose de nos jours. Actuellement, on aime classifier les gens pour que tout soit simple. Comme je navigue d'un style à l'autre je ne trouve pas mon nid et n'ai de vraie place nulle part.  

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7-Bernard : Qu’est-ce qui t’a attiré/t’attires encore dans la photo animalière ?

Yvon : je ne sais pas, je crois que j'ai toujours aimé ça. Je me souviens m'être nourri avec « La vie des animaux » de Frédéric Rossif (ne cherchez pas, c'est un truc d'un autre âge) et avec les bouquins et les films de Christian Zuber (là aussi c'est la préhistoire). La nature m’intéresse, c'est comme ça. Quand j'étais gosse, je pouvais observer une fourmilière pendant des heures sans que ça me lasse. Je dois être un peu dingue. 

8-Bernard : ton site Internet faunographie est superbe, mais pas aussi développé que nous le souhaiterions, tout en continuant vie de famille, peinture, sculpture, photo et autres, penses-tu trouver du temps à y consacrer dans cette vie ?

Yvon : j'avoue ne pas être très motivé pour le faire vivre. Je trouve que l'investissement en temps ne vaut pas le résultat en nombre de visites. Maintenant, c'est aussi un peu l’œuf et la poule, mais je crois quand même qu'il y a beaucoup de sites de photographie en général, et animalière en particulier. Finalement, le mien n'apporte pas grand-chose de plus et même si je rédige plein d'articles avec plein de photos, je doute que ça génère beaucoup de visite. Pour tout dire, je le garde surtout parce qu'il héberge ma messagerie.

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9-Bernard : tu maîtrises parfaitement la technique et tu es un artiste, quelle place et quelle importance pour la photo attribues-tu à la technique et à l’art ?

Yvon : comme nous tous, il m'arrive d'entendre des « photographes » prétendre en gros  ceci : « Je ne connais rien à la technique, elle me m’intéresse pas, je fais de l'art ». Selon moi, ce sont des menteurs ou des charlatans, des Boronali de la photo. Les premiers veulent faire croire qu'ils sont tellement doués que la technique leur tombe du ciel. C'est de la foutaise avec aussi une pointe de mépris envers ceux qui travaillent la technique et qui, pour le coup, deviennent moins « artistes ». Les seconds sont de sympathiques « paresseux » qui cherchent des justifications pour ne pas faire l'effort d'apprendre.

Ce qui est vrai, c'est que lorsque l'on maîtrise un minimum une technique avec une pratique régulière, elle devient automatique et s'installe au second plan (un peu comme la conduite automobile, où, avec l'habitude, les gestes se font machinalement sans y penser). Il est vrai aussi qu'avec les automatismes des appareils actuels on peut réussir une bonne image sans rien connaître à la technique pour peu que par un heureux hasard, les conditions idéales soient réunies. Mais les bons photographes le savent, si les automatismes sont des aides précieuses, il vaut mieux les comprendre pour choisir les bons et reprendre la main ou corriger leurs défauts quand c'est nécessaire.

Bien sûr que la photo est un art et bien sûr, il y a des gens plus doués que d'autres. Mais là comme ailleurs, on n'a rien sans travail. Ce qui est vrai en musique en peinture, en chant et dans toutes les disciplines artistiques l'est bien sûr aussi en photographie.

10-Bernard : tu possèdes une belle collection d’appareils photo plus ou moins anciens, jusqu’au format 6x9, quelle place et quelle importance attribues-tu (ou, je sais, le copier-coller) au matériel ?

Yvon : vous avez comme moi entendu cette phrase des centaines de fois : « Elle est super cette photo. Tu l'as faite avec quoi ? » Maintenant, je réponds : « Celle-là, je crois bien que je l'ai faite avec un appareil photo. » 

De nos jours, le « mauvais matériel se fait rare, presque tous les produits sont au minimum bons, même très bons et souvent excellents. Ils disposent de caractéristiques que chacun considère en avantages ou inconvénients selon son usage sachant que l'idéal n'existe malheureusement pas. Chacun doit trouver le compromis qui lui convient le mieux en tenant compte de critères et priorités qui restent personnels. Ce que je trouve très risible à propos du matériel, c'est qu'il est devenu le premier signe de pertinence photographique, largement devant les images réalisées.

Bien sûr, c'est formidable de photographier avec un Canon 1DX Mk XII équipé du dernier 600mm f/2,8 L DO IS VI USM (note de Bernard : j'en veux un !). Parfois, pour une image bien précise, c'est même déterminant. Mais bien souvent, avec un matériel moins lourd, moins cher, moins encombrant, moins exclusif, moins voyant, moins....plein d'autres choses, on peut réussir des images tout aussi belles. En disant ça, je pense par exemple à Myriam Dupouy qui fait de magnifiques photos animalières avec un Tamron 150-600mm et elle n'est pas la seule.

C'est vrai que j'ai eu beaucoup de matériels différents, du petit compact au plus haut de gamme. Je sais d'expérience que le matériel n'est pas anodin et je sais aussi que c'est bien moins important que l'on peut le croire, ou que parfois, on veut nous le faire croire.

Pour conclure, il y a deux dictons photographiques que j'aime bien. Sans doute un peu vachards et excessifs, ils illustrent bien notre sujet. Le premier dit : « Le meilleur appareil est celui que tu as au moment de faire la photo ». Le second, plus méchant, ironise sur les débatteurs des forums : « Les mauvais photographes parlent de matériels et les bons parlent d'images ».

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11-Bernard : tu as ces dernières années adopté le format µ 4/3, avec Olympus, maintenant exclusivement ou presque. Quel retour d’expérience peux-tu en partager ?

Yvon : j'utilisais, au départ par le fait du hasard, des Canon depuis plus de 40 ans et j'ai regretté que cette marque, souvent en pointe, tarde à sortir une gamme d'hybrides avec les optiques plus légères et compactes. Finalement, j'ai sauté le pas vers le µ4/3 avec Olympus et ces mini-appareils. J'ai craqué d'abord, car j'étais lassé par le poids et l'encombrement des reflex traditionnels. Certes, il existe des solutions réduisant la taille et le poids, mais elles restent loin derrière la maniabilité et la légèreté des µ4/3. Ensuite, pour avoir utilisé du 4/3 en parallèle de mes Canon j'ai vu de mes propres yeux les progrès accomplis en haute sensibilité et la qualité des tirages grand format.

Quand comme moi on pratique la photo de rue, la macro et la balade, on aime le matériel léger qui épargne le dos. Et un beau jour, j'ai constaté que depuis que j'avais du µ4/3, c'était ce matériel que je sortais toujours en laissant le reste au placard. Surtout, je retrouvais le plaisir de photographier au quotidien, ce que je ne faisais presque plus avec mes reflex. Dans ces conditions, était-il raisonnable de les garder juste pour un voyage animalier de temps en temps ? Il reste que pour basculer, il manquait quand même un bon téléobjectif aux gammes Panasonic/Olympus. Cette digue a cédé avec l'arrivée des 300mm et 100-400mm.

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Après plus d'un an d'utilisation, voici ce que je peux dire à propos des points les plus discutés sur les forums. Bien sûr, je ne cherche à convaincre personne et mes conclusions sont valables pour mon utilisation. Comme on dit, c'est mon avis, je le partage et vous avez le droit de penser tout le contraire.

Qualité des images (EM-1 MkII)

Elles sont du même niveau que celles qui sortaient de mon 7DmkII. La netteté demeure irréprochable et le bruit, à ISO équivalent, reste du même ordre. Mes tirages en A2 (je ne vais pas au-delà de ce format déjà bien grand) sont d'excellente qualité et je n'ai raisonnablement pas besoin de plus. En plus, je suis certain que des A1, voire des A0, seraient de très bonne tenue (oui, je sais, avec une loupe et le nez à 5cm du tirage on doit voir une différence qu'ils disent sur les forums).

Profondeur de champ et bokeh

C'est le sujet qui suscite le plus de critiques par les détracteurs du 4/3. Il n'y a pas de débat, à cadrage et ouverture identiques, la PdF est logiquement plus grande sur un µ4/3donc le flou de fond moins onctueux. Rien à dire là-dessus si ce n'est qu'on l'observe surtout face à un capteur 24x36 et sensiblement moins face à un capteur APS-c.

Pour nuancer les propos toujours un peu caricaturaux des flingueurs de l'internet, je dirais qu'il reste parfaitement possible d'obtenir un beau flou avec du µ4/3. Certes, un 300mmf/4 ne donnera jamais le velouté exceptionnel d'un 600mm de même ouverture monté sur un plein format, mais la facture, le poids et l'encombrement donnent à réfléchir. Personnellement, et Dieu sait si j'aime les fonds crémeux qu'offrent les télés lumineux, j'ai accepté de me satisfaire des possibilités offertes par le 4/3 et ses optiques.

N'oublions pas aussi qu'une plus grande profondeur de champ est parfois un avantage. En macro par exemple, ou quand il fait sombre et qu'une grande ouverture s'impose, à diaph égal, le µ4/3 en donne plus sans obliger à monter en ISO.

Encombrement et poids

Certains détracteurs disent qu'un 80D avec un 400mm f/5,6 coûte moins cher sans être plus lourd qu'un EM-1 Mk II et son 300mm. C'est inexact, et pour le coup, la comparaison ne vaut pas raison. C'est plus lourd, plus encombrant et bien moins performant, car ni stabilisé, ni tropicalisé et avec une ouverture de moins. J'ajoute que la comparaison avec d'autres objectifs (macro, moyen télé, etc.) creuse l’écart.

Pour ma part, comme je l'ai dit, j'ai repris plaisir à photographier au quotidien avec la maniabilité offerte par le µ4/3. J'ajoute que partir en voyage (animalier ou non) avec un sac photo sur l'épaule contenant 2 boîtiers et des optiques allant du fish-eye au super-télé en passant par la macro sans craindre la mise en soute, c'est un régal.

Autofocus

Jusqu'à il y a peu, le suivi automatique de la mise au point était le point faible des hybrides. Depuis l'EM-1 MkII tout va mieux et les résultats sont désormais très corrects. Intuitivement, je dirais que l'EM-1 II fait au moins aussi bien que le 7D première génération sans atteindre les performances du 7DII. En revanche, la couverture autofocus est plus large et les collimateurs sont tous en croix et plus nombreux.

En safari, le système s'est montré efficace pour mon usage, tant sur les oiseaux en vol que sur les animaux en déplacement. Le plus difficile est de s'adapter à ce système quand on vient de chez Canon (pas de joystick, grrr !).

Visée électronique

La visée des hybrides fait l'objet de critiques permanentes et pas toujours rationnelles. Il faut reconnaître qu'elle a énormément progressé et, si elle demeure perfectible, elle s'utilise aujourd'hui sans soucis et va encore progresser. Cette visée apporte même son lot d'avantages auxquels on prend vite goût : visée claire en basse lumière, visu de la correction d'exposition, loupe de mise au point, scintillement des zones nettes, affichage de l'histogramme, etc. Pour ma part, je m'y suis habitué sans le moindre problème.

Prise en main

Sur ce plan, j'ai des regrets si je compare à mes Canon que je trouvais d'une ergonomie exemplaire. Avec mes Olympus, j'ai parfois du mal à retrouver mes marques. Ce qui me gêne le plus, c'est l'absence de joystick pour bouger les capteurs de mise au point. J'ai vu que Panasonic équipe ses GH5 et G9 de ce dispositif. Je pense qu'Olympus devrait s'en inspirer. Pour le reste, il m'a fallu un temps d'adaptation et maintenant ça va.

Fonctionnalités

Les concepteurs d'hybrides ont cet avantage de ne pas être freinés par les anciennes technologies. Du coup, ils peuvent innover et proposent des fonctionnalités inédites. Je suis heureux de pouvoir disposer d'un obturateur électronique ultra rapide et totalement silencieux. En macro par exemple, j'aime bien utiliser le focus staking ou la loupe de mise au point. De même, la possibilité de prendre des photos avant le déclenchement, si, si; est intéressante, par exemple pour saisir l'envol d'un oiseau. Qu'on le veuille ou non, l'avenir photographique se construit ici et non du côté des reflex.

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staking sur coccinelle

 

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envol de guêpier

Autonomie

Je m’inquiétais pour la tenue des batteries en safari et je suis parti avec pas moins de 5 packs pour ne pas prendre de risque. Finalement, pour mes deux boîtiers, trois batteries suffisaient. Bon, en même temps, je ne passais pas mon temps à visualiser les images sur l'écran arrière. Alors certes, les hybrides consomment plus, mais, en étant un peu prudent, pas de problème.

Fiabilité et SAV

Après une première expérience malheureuse où mon boîtier sous garantie avait demandé plus d'un mois pour être traité, je craignais un mauvais SAV. Je reconnais qu'aujourd'hui, le service est de bon niveau. Je dis ça après qu'un EM-1 avec le 100-400mm soit tombé durant mon dernier safari. Le 100-400 Panasonic était en deux morceaux et le boitier Olympus avait des éclats sur le capteur. Le SAV Panasonic a pris en charge sous garantie l'échange du zoom et Olympus a traité le boîtier rapidement et sous garantie. Même chose avec le 40-150mm hors garantie dont le pare-soleil télescopique s'était cassé. Il a été réparé vite et gratuitement par Olympus.

Autre point rassurant, mon magasin préféré, Photo-Prony, distribue désormais officiellement Olympus dans la boutique annexe. Du coup, ils peuvent se charger du dépôt et de la réception des matériels pour le SAV des clients. Que vouloir de plus ?

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12-Bernard : tu as pratiqué la photo animalière en Europe, en Afrique et dans les Amériques. Peux-tu nous donner ton ressenti, tes préférences e tutti frutti entre ces trois continents ?

Yvon : je suis surtout allé au Kenya et j'ai un peu négligé à tort le reste du monde. Avec le recul, je m'aperçois que j'ai des souvenirs extraordinaires de mes voyages aux Galápagos et au Spitzberg. Cela dit, je ne crois pas avoir vu assez d'endroits pour avoir une préférence crédible même si ce qui m'a le plus impressionné reste le Grand Nord, ses paysages, ses montagnes de glace, ses silences, ses oiseaux, ses ours, ses renards et le reste...

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13-Bernard : qu’est-ce qui te décide à prendre une photo ?

Yvon : je crois que l'on photographie bien ce qui nous émerveille, nous étonne, nous amuse, nous émeut, etc. Probablement que je déclenche à un de ces moments sans réussir toujours (pas souvent) à avoir un bon résultat. Conclusion, je jette beaucoup d'images et j'en garde beaucoup trop.

14-Bernard : as-tu un sujet préféré en photo animalière, notamment un animal fétiche ?

Yvon : comme tout le monde, j'aime les félins et autres grands prédateurs terrestres. Je sais aussi qu'une photo « moyenne » de léopard sera toujours plus appréciée qu'une excellente image d'araignée. C'est comme ça ! Pourtant, quand je photographie, j'ai autant de plaisir à cadrer une mouche qu'un lion. Je nuance tout de suite mon propos en précisant que bien sûr, mon bonheur se multiplie quand j'ai dans le viseur une espèce nouvelle, dans un environnement parfait avec une lumière de rêve. 

15-Bernard : as-tu une destination préférée en photo animalière ?

Yvon : sans doute parce que dans mon imaginaire les opportunités photographiques y sont plus nombreuses qu'ailleurs je suis allé au magnifique Kenya que j'adore à de nombreuses reprises. Désormais, je veux diriger vers d'autres endroits et mes destinations préférées sont celles qu'il me reste à découvrir.

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16-Bernard : as-tu une focale préférée en photo animalière et si oui, quelle est-elle ? Et, tant que j’y suis, quelle serait ta focale préférée en photo non animalière ?

Yvon : j'adorais mon superbe 600mm f/4 qui piquait comme une seringue tout en détachant les sujets du fond dans un velouté onctueux et délicat. Pourtant, je l'ai vendu et c'est aujourd'hui un autre papa qui le bichonne. Alors, pourquoi m'être séparé de ce bijou magnifiquement magnifique. C'est tout simple, trop lourd pour mes vertèbres de sexagénaire, trop encombrant pour mes escapades et trop cher pour mes moyens d'aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, si vous pouvez vous l'offrir, si votre condition physique suit, n'hésitez pas, vous ne serez pas déçu.  

17-Bernard : as-tu dans ta production une photo animalière préférée, ou une série de photos ? Y a-t-il une photo que tu n’as pas faite que tu admires ?

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Yvon : heureusement, j'ai plusieurs de mes photos que j'aime bien et pour n'en citer qu'une, car elle est devant moi, c'est du noir blanc, un portrait d'autruche (je n'ai pas dit chardonneret) réalisé à Samburu.

Il y a des milliers de photos que j'aurais aimé faire et parmi elles quelques-unes qui sont dans vos disques durs à Catherine et toi et aussi dans ceux des membres de Wilipi. Mais je sais que quoi qu'il en soit, ma meilleure photo, c'est celle que je ferai demain.

 

18 -Bernard : quels sont les photographes animaliers qui t’inspirent et/ou dont tu suis le travail avec intérêt ?

Yvon : Il y en a beaucoup que j'adore et pas seulement dans les plus connus, mais si on doit choisir, que les autres me pardonnent, je citerais :

  • Nick Brandt pour la précision chirurgicale de ses images travaillée au 1/10e de millimètre, du grand art.
  • Sebastião Salgado qui ne fait pas que de l'animalier et dont les photos me fascinent, quel que soit le thème.
  • Anup Sha qui ose des cadrages de folie et montre des images inhabituelles
  • Plein d'autres...

 


19-Bernard : est-ce que l’on peut espérer faire de bonnes photos animalières malgré un équipement plus modeste que le tien ?

 Yvon : bien sûr que oui et c'est heureux. Depuis l'arrivée des zooms 150-600 chez Tampon et Sigma et avec les boîtiers modernes qui montent en sensibilité facilement, on peut faire de très, très, très belles images animalières. Je ne parle même pas des offres en occasion.

Je pense que les solutions pour faire de la photo animalière de qualité sans trop se ruiner n'ont jamais été aussi nombreuses qu'aujourd'hui. Bien sûr, un zoom à moins de 1000 euros n'est pas aussi lumineux et blindé qu'un autre à 12000, mais la qualité d'image est là. Il faudra juste être un peu soigneux et apprendre à l'utiliser. Par exemple, la légèreté du Tamron incite à l'utiliser à main levée ce qui est imprudent pour un 600mm ouvert à f/6,3 même s'il est stabilisé.

20-Bernard : que conseillerais-tu à un nouvel adepte de la photo animalière ? Des conseils particuliers en matériel, lecture, comportement, attitude ou autre ? 

Yvon : le premier conseil que je donnerai, c'est le respect. Respect de la nature bien entendu et aussi respect du sujet. Nos photos sont moins importantes que les sujets que nous photographions. Il est dommage que certains de photographes animaliers soient prêts à tout pour LEUR PHOTO (même s'ils prétendent le contraire).

Ensuite, je lui dirai de rester humble, de savoir se remettre en question et d'écouter les photographes expérimentés (en choisissant plutôt ceux qui ne fanfaronnent pas trop). J'ajouterai qu'il faut y croire et ne pas se décourager, car la photo animalière est faite de nombreuses frustrations et de quelques réussites qu'il faut mériter par de nombreux échecs.

Avec un budget de 1500 euros, je lui conseillerais une 5DII d'occasion (ou l'équivalent en Nikon) avec un Tamron (ou Sigma) 150-600mm avec quelques exercices pour apprendre la stabilité. En complément, avec un petit budget supplémentaire, je proposerai un 100mm macro d'occasion.

jardin rougegorge familier 0005Ensuite, pour maîtriser la technique, je l'inviterai à tâter d'un peu de macro, c'est très formateur d'en baver un peu avec la mise au point, la profondeur de champ et le manque de lumière. L'hiver, en exercice, les oiseaux du jardin avec un peu de mise en scène des mangeoires permettent aussi de bien s'exercer pour connaître son matériel.

Enfin, en plus des lectures saines sur la technique photographique, je l'inviterai à fréquenter des clubs ou sites d'échanges sur la photo. C'est toujours bien de montrer sa production et d'écouter les critiques (si elles sont constructives bien sûr).

21-Bernard : tu connais bien les sujets que tu photographies, sauf exceptionnelle exception. Penses-tu que c’est un élément indispensable à la pratique de la photo animalière, et si oui, pourquoi ?

Yvon : je ne connais pas toujours bien les sujets que je photographie, mais j'essaye toujours d'en savoir un minimum sur eux. On photographie toujours mieux ce que l'on connaît et c'est préférable aussi pour le respect du sujet. À ce propos, le respect du sujet est une règle qui ne concerne pas seulement l'animalier. Elle s'impose dans tous les secteurs, en portrait c'est une évidence, mais aussi en photo de rue et particulièrement pour photographier les gens, et même en paysage où le respect du sujet aidera à le mettre en valeur.

En macro, j'arrive à approcher certains insectes presque à les toucher avec la lentille frontale. Avant d'en arriver là, je les ai observés et j'ai étudié leur comportement. Après, les choses deviennent plus faciles.

22-Bernard : as-tu des livres de photo préférés, livres techniques et/ou livres d’art ?

Yvon : j'ai dévoré plein de livres sur la technique photographique. En particulier, je me souviens d'avoir tout jeune épluché en détail chaque paragraphe du bouquin « Toute la photographie – Larousse/Montel ». Tout y était clair, dit simplement et bien documenté. J'avais adoré et même si ce bouquin est devenu ringard, tout ce que j'y ai appris reste valable aujourd'hui à l'heure du numérique. Peut être pas le labo, quoi que, pour les masquages ça à du sens. Actuellement, je n'en lis pratiquement plus et je ne fais plus que feuilleter la presse spécialisée, car ce sont souvent les mêmes sujets qui reviennent. Pour quelqu'un qui débute ou qui veut comprendre, oui, il faut aller chez le libraire et fouiller ses rayons. Il y a certainement des trésors.

yvon tony 0283J'ai aussi étudié des livres sur les développements et le tirage qui, bien que destiné à l'argentique, restent pour une grande part très utiles aujourd'hui. Je pense par exemple à « Larry Bartlett's - Black and White Photographic Printing Workshop » (de l'anglais que j'arrive à lire, incroyable !) qui montre le travail réalisé pour tirer le meilleur de quelques négatifs. Pour chaque image, la différence entre le tirage lambda de départ et le résultat final laisse sans voix. Ce qui y est décrit reste totalement valable en numérique avec Lightroom ou Photoshop.

Après, j'ai pas mal de livres de photographes et pas seulement animaliers. Il y a des anciens que j'aime beaucoup Doisneau, Boubat, Herwitt, Ronis,... des contemporains comme Depardon, Salgado, et des animaliers, Crocetta, Denis-Huot, Munier...

Et des bouquins indispensables pour connaître les animaux que l'on photographie comme : "Insectes de France et d'Europe occidentale" de Michael CHINERY qui est une base où on trouve l'essentiel, "Birds of East Africa" chez Struik qui est le minimum sur le Kenya en plus du "VIGOT des mammifères d'Afrique", le Stevenson pour les acharnés d'oiseaux en Afrique, le "Guide vert des oiseaux de France", etc.


23-Bernard : fais-tu beaucoup de post traitement ? Et quels sont les outils que tu utilises en ce cas ?

Yvon : en couleur, je ne traite pas beaucoup mes images. Je me limite le plus souvent à la balance des blancs, un recadrage éventuel et un réglage des niveaux et du contraste. Parfois un peu plus si l'image est mal exposée.

En noir et blanc, je travaille un peu plus. D'abord, je cherche à caler chaque couleur avec son rendu optimal en monochrome pour avoir une belle palette de gris. Je fais aussi quelques masquages pour foncer certaines zones ou en éclaircir d'autres. L'idée est de renforcer l'image, de lui donner plus d'impact et de personnalité. Bref, rien de plus que ce que font les tireurs en N&B argentique. Attendons-nous bien, je cherche seulement à exploiter au mieux le potentiel de l'image, je ne la transforme jamais et je ne veux surtout pas la faire mentir. De même, je ne fais pas de « trucages », j'améliore sans « tricher ».

Je précise aussi que la photo a toujours fait l'objet de ce type de traitement et, mis à part l'image purement documentaire, la photographie n'est pas objective. Pas plus d'ailleurs que le photographe qui a choisi le cadrage, l'objectif, l'ouverture et le reste. Autant de choses qui influent sur le rendu finalement très subjectif de l'image.

24-Bernard : tu apprécies et maitrises le noir et blanc, un conseil à donner à ceux qui veulent s’y frotter?

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Yvon : la première chose et ce qu'il ne faut jamais oublier c'est que depuis maintenant bien longtemps, la référence photographique, c'est l'image en couleur. Si l'on choisit de faire du noir et blanc, même pour une seule image, ça veut dire que l'on sort du rang et de la « banalité ». Ceci a pour conséquence l'obligation de proposer une image qui apporte quelque chose de plus face à sa version en couleur.

Ensuite, c'est une erreur de croire que l'on peut « récupérer » une mauvaise photo couleur en la convertissant en noir et blanc. Je ne me souviens pas d'avoir réussi ça une seule fois. En revanche, il est vrai que certaine image passent mieux en noir et blanc et d'autres en couleurs, parfois même elles passent dans les deux versions avec des préférences pour l'une au l'autre selon les sensibilités. Mais, une chose reste vraie, c'est qu'à chaque fois, à la base, la photo est bonne.

 

Dernière chose, pour obtenir un beau tirage (affichage) en noir et blanc, cela demande du travail. Il ne faut surtout pas croire qu'il suffit d'appuyer sur le bouton de conversion des couleurs en monochrome. Il faut étudier la photo, avoir un regard critiquement constructif et imaginer ce qu'elle peut devenir en noir et blanc. Après il faut un processus par étape pour peaufiner le rendu zone par zone, adoucir ici, renforcer là jusqu'à pleine satisfaction. Bref, il faut être exigeant.

 

Une précision pour finir, depuis quelques années la mode est au noir et blanc très sombre et très contrasté. Pour certaines images, ça apporte un côté dramatique plutôt bienvenu. Néanmoins, si j'apprécie certaines photos dans ce style, je garde une nette préférence pour les clichés montrant une belle échelle de gris, des blancs riches en détails et des noirs profonds sans être bouchés. Comme on dit : « Chacun ses goûts ».

 

 

25-Bernard : tu t’es mis à la peinture et à la sculpture, est-ce que ton expérience photo peut enrichir ou être enrichie par ces nouvelles activités artistiques ?

sculpure 0001Yvon : ces disciplines se complètent assez bien puisque les règles esthétiques sont les mêmes qu'il s'agisse du cadrage ou des harmonies colorées. Ensuite, j'utilise parfois la photo pour mémoriser des modèles à dessiner ou peindre plus tard. Quelquefois, quand je « rame » sur un dessin où je ne trouve pas les défauts, la photo et les logiciels sont utiles pour superposer le modèle et le dessin. C'est un bon moyen pour que les défauts sautent aux yeux et ça apprend à bien observer.

Il y a aussi la pratique du labo noir et blanc qui m'apporte beaucoup pour la peinture et le dessin. On retrouve les mêmes principes pour la mise en valeur des sujets en fonçant une zone, en entrant une lumière ici, etc.

26-Bernard : as-tu des souhaits pour ton avenir photographique ?

Yvon : En animalier, j'ai un vieux rêve qui me hante et qu'il faut que je réalise un de ces jours. J'aimerai aller photographier les macareux moines. Je sais, c'est un sujet rabâché, traité 1000 fois avec des images d'exception, mais j'ai envie d'aller voir et photographier ces oiseaux plus que sympathiques.

Ensuite, j'ai surtout envie de faire de la photo plaisir, d'aller un peu partout sans but particulièrement photographique. J'ai envie de me promener, courroie de l'appareil autour du cou et objectifs dans les poches (vive le µ4/3) et déclencher au gré de mes rencontres.

Et puis, si je n'ai pas d'autre solution, il me reste mon jardin, les fleurs, les insectes, la rue...

27-Bernard : as-tu une anecdote photo particulière à nous conter ?

Yvon :  j'ai parlé de la patience nécessaire en photo animalière et aussi de la fatalité. Pour illustrer tout ça, j'ai un bel exemple. Lors de l'un de mes voyages au Kenya, un matin, loin du camp, nous croisons deux guépards dont il était évident qu'ils allaient chasser. Précisons que le guépard qui utilise la course chasse de jour. Nous les suivons, sûrs de bénéficier rapidement d'un spectacle trop rare. Les heures passent et rien. Nos chats se déplacent d'un endroit à l'autre, montent sur des termitières, observent, se couchent, repartent... mais pas de chasse. Midi arrive et un couple d'une autre voiture nous indique qu'il laisse tomber et va manger ? Nous, on reste ! Ils proposent de nous apporter de quoi nous restaurer. Chic ! L'attente continue, nos guépards font des kilomètres, observent la savane et se recouchent toujours rien. Notre déjeuner arrive, on grignote, les guépards bougent et se recouchent. Pendant tout ce temps là, un peu au courant par les téléphones portables nous voyons des voitures arriver, se lasser d'attendre et repartir. Nous, on reste ! Le soir arrive et nos guépards bougent, remontent sur les termitières, se déplacent encore et on y croit. Comme on dit, on n’a jamais été aussi près de cette chasse. La nuit commence à tomber et tout le monde le sait, les guépards, ça court à 100 à l'heure, et donc, ça chasse de jour. Bon, c'est foutu pour ce soir, la mort dans l’âme nous rentrons au camp, car déjà en retard.

guepards crepuscule 0012

 L'autre voiture, celle de nos amis qui ont eu la gentillesse de nous nourrir, arrive bien tard. En rentrant, cet ami me dit : « Yvon, je ne sais pas si je dois te le dire ; à peine étiez-vous partis depuis deux minutes, qu'ils ont chassé ». Alors oui, il faut être patient en photo animalière, il faut aussi être persévérant, mais il faut surtout se méfier de l'obstination, et on a beau être fataliste, il y a des fois où on ferait mieux de rester au camp.

 Cette journée-là, j'ai eu du mal à la digérer. D'autant plus que comme toujours, certains sont arrivés pile-poil et ils ont assisté à cette chasse. Le pire, et j'en suis sûr, ce jour-là je devais faire ma plus belle photo de chasse.

 

 

28-Bernard : Une réponse à une question importante que je n’ai (bêtement) pas posée ?

Yvon : oui, celle-ci :

28 bis Bernard : Yvon, as-tu bien compris qu'il faut faire court pour ne pas lasser le lecteur ?

Yvon : Enfin Bernard, j'ai vu ton effort sur le faible nombre de questions et tu sais bien que je ne suis pas du genre bavard. J'ai fait très bref !

29-Bernard : merci et à bientôt. Sur Wilipi par exemple…

Yvon : C'est moi qui te remercie et promis, je vais faire un effort de présence sur Wilipi. 

Un rayon de soleil perce les nuages et illumine mon cœur à cette perspective, Yvon, merci !

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